Jamais un procès angolais n'aura été autant suivi. Et pour cause, c'est la première fois que des proches de la présidence se retrouvent à la barre. Il s'agit notamment de sept généraux, dont deux anciens commandants en chef de l'armée. Le général Kopelipa, actuel bras droit de José Eduardo dos Santos, figure également dans la liste. Mais il ne sera pas présent, protégé par son statut de ministre d'Etat.
Inédit, ce procès l'est aussi par sa portée politique. « Un petit Poucet » affronte des géants réputés intouchables. Un chantre de la démocratie et de la transparence expose les abus et la corruption d'un régime. Un journaliste soutenu par la communauté intenationale défie un président au pouvoir depuis plus de 35 ans.
Les deux parties jouent gros. Rafael Marques risque plusieurs années de prison et de devoir payer une indemnisation d'1,2 million de dollars. Mais le pouvoir a aussi beaucoup à perdre. Les témoignages relatifs aux 100 meurtres et 500 cas de tortures sont édifiants. La justice portugaise, qui a jugé l'affaire en 2013, l'a classée faute de preuves. Reste à savoir si la justice angolaise saura l'imiter si elle parvient aux mêmes conclusions.
→ Voir l'article du Guardian «This week I may be jailed for writing a book on human rights abuses»