Soudan du Sud: Riek Machar et Salva Kiir se séparent sans accord

Après quinze mois de guerre civile, le Soudan du Sud n’a toujours pas réussi à trouver une sortie de crise. Les discussions vendredi à Addis Abeba entre les chefs des deux parties opposées, le président Salva Kiir et son ancien vice-président Riek Machar, n’ont pas abouti. C'est le huitième round de négociation qui échoue ainsi. Le médiateur éthiopien, le Premier ministre Hailemariam Desalegn, n'a pas caché un certain dépit.

Dix jours de négociations n’auront pas suffi pour trouver un accord entre les belligérants du Soudan du Sud, le président Salva Kiir et son rival Riek Machar. Vendredi, alors qu’on espérait la signature d’un document formalisant une future période de transition pour en finir après plus d’un an de conflit sanglant, les deux parties se sont finalement séparées sur un constat d’échec. C'est la raison pour laquelle Hailemariam Desalegn a semblé particulièrement désemparé, ce vendredi devant la presse. « J'ai demandé à messieurs Salva Kiir et Riek Machar d'être courageux et d'offrir des compromis plutôt que de camper sur leurs positions. Malheureusement, nos voeux n'ont pas été pris en compte. »

Malgré les discours de façade, les positions sur l’architecture politique de la transition et sur l’organisation de l’armée, profondément divisée, étaient trop éloignées « Nous avons fait notre maximum pour obtenir un accord de paix, mais il n’a pas été possible d’y arriver à cause de la position adoptée par le gouvernement, a déclaré l’opposant Riek Machar, qui a été le seul à s’exprimer à la sortie. Le Premier ministre éthiopien a promis qu’un nouveau mécanisme serait mis en place, donc nous allons attendre que ce nouveau mécanisme soit proposé pour reprendre les pourparlers de paix. Avant d'ajouter: Nous voulons toujours discuter. »

Une médiation plus large

Pour sortir de l’impasse, l’Ethiopie et ses partenaires régionaux, impliqués depuis le début, suggèrent que la médiation prenne désormais une ampleur plus large. Cet échec va au moins conforter le Conseil de sécurité de l'ONU dans sa stratégie, puisqu'il a adopté cette semaine pour la première fois, une résolution prévoyant le principe de sanctions, même si aucun nom de responsable n'a encore été inscrit sur la liste.

Sur le fond, en huit sessions de pourparlers, les deux hommes ont dressé la liste de leurs exigences. Sur quasiment tous les points importants, il reste à trouver un accord. Par exemple, les deux hommes sont favorables au principe d'un partage du pouvoir. Mais où doit commencer et où doit-il s'arrêter ? Riek Machar exige que ce partage commence au sommet de l'Etat, au niveau fédéral, et aille jusqu'au niveau local. Autre exemple, les deux hommes sont d'accord sur le principe du fédéralisme, mais Salva Kiir refuse qu'il soit mis en oeuvre durant la période de transition. Ils se divisent aussi sur la réforme de l'armée, la dissolution du parlement, la réforme des institutions et sur la traduction en justice des criminels de guerre. Bref comme le résume un porte-parole, les deux hommes sont d'accord sur le mot « réforme », mais c'est à peu près tout.

Quant à l’Union Africaine, un rapport d’experts, encore confidentiel, préconise d’écarter les deux leaders, le président Salva Kiir et son rival Riek Machar. Ce document, prêt depuis plusieurs mois, n’avait pas été rendu public pour ne pas perturber les discussions en cours.

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