Une, peut-être deux voitures ont explosé devant l'hôtel Corinthia, ce mardi matin lors de l'attaque d'un commando. Puis, trois ou quatre hommes ont pénétré dans l'hôtel qui a ensuite été encerclé par les forces de l'ordre, selon un témoin que RFI a pu joindre au téléphone. Des tirs ont été entendus. Trois membres des forces de sécurité ont été tués et cinq autres personnes blessées.
Selon le porte-parole des opérations de sécurité à Tripoli, Issam al-Naass, interrogé par l'AFP, les assaillants ont ensuite été « pourchassés et encerclés au 21e étage de l'hôtel par les forces de sécurité. » Il précise que « les assaillants ont fait détonner les ceintures explosives qu'ils portaient. »
Au total, neuf personnes, dont trois gardes de sécurité et cinq étrangers présents dans l'hôtel, ont perdu la vie. On connait désormais leur nationalité. Il s'agit d'un Français, un Américain, deux ressortissantes des Philippines et un Sud-Coréen. La question est de comprendre ce que visaient les terroristes. On sait que le Premier ministre du gouvernement autoproclamé, Omar al-Hassi, était présent dans l'hôtel au moment de l'attaque. Il a pu être évacué sans encombre. On sait aussi qu'au 24e étage, là où le commando s'est fait exploser, se trouve la délégation diplomatique du Qatar, mais personne ne se trouvait sur les lieux au moment de l'attaque.
Revendication rapide du groupe EI
L'hôtel Corinthia est l'un des deux derniers hôtels de luxe encore en activité dans la capitale libyenne. Mais il quasiment vide depuis des mois. Pourtant c'est un symbole, car cet hôtel était autrefois le pied à terre des diplomates et des responsables de gouvernements.
Très rapidement, le groupe Etat islamique en Libye a revendiqué cette attaque. Elle est même baptisée « Raid Abou Anas al-Libi », du nom du terroriste arrêté en octobre 2013 par les Américains lors d'un raid à Tripoli et mort en détention le 2 janvier dernier à New York.
Depuis décembre, c'est le troisième attentat revendiqué par l'organisation à Tripoli. Les jihadistes disposent d'une place forte dans la ville de Derna, sa première implantation hors de la Syrie. Ce qui inquiète les observateurs, c'est que l'organisation terroriste semble passer à la vitesse supérieure en intensitifiant ses actions dans la capitale libyenne.
Fajer Libya, le groupe de milice qui contrôle la région de Tripoli, attribue l'attentat non pas à l'EI mais à son adversaire de Benghazi, le général Haftar.