Avec notre envoyé spécial à Monrovia, Sébastien Németh.
Une jeune fille timide se tient derrière la grille, l’air fatigué. Ses mains gantées attrapent le sac tendu par Saah, son frère. Ils échangent quelques mots. Puis elle s’en va.
« Je n’ai pas peur. On ne se touche pas. Je lui apporte juste à manger et je pars », assure-t-il. « Ça me fait mal de la savoir ici. Mais je ne peux rien faire. C’est entre les mains de Dieu. Je me rappelle, au début, on voulait appeler les secours mais personne ne répondait. Alors on l’a emmenée ici sur une brouette. Elle ne pouvait pas se tenir debout ni parler. Je l’ai emmenée en pleurant. En arrivant, il n’y avait pas de place. On a dû attendre des heures. J’ai beaucoup pleuré ce jour là. »
Saah garde espoir. Sa sœur pourrait sortir bientôt. Mais l’homme ajoute qu’il a une autre sœur malade à l’intérieur. Et pour elle le pronostic est réservé.
La cinquantaine, une jupe pourpre, Ferah Miékami vient pour la première fois, voir sa sœur.
« Ma sœur qui est à l’intérieur vit près de la frontière avec la Sierra Leone. Son amie infirmière est tombée malade. Elle disait qu’on lui avait jeté un sort, que quelqu’un l’avait envoûtée, alors ma sœur n’a pas pensé à Ebola et elle a attrapé le virus. C’est la première fois que je viens et j’ai peur. Je n’ai aucune nouvelle d’elle. Si je la vois, je lui dirai de prendre ses médicaments et d’être forte. »
Collins Brama vient, lui, prendre des nouvelles de sa femme. L’homme est agité, perdu. Il affirme qu’ils prenaient des précautions d’hygiène. Son épouse avait même fermé boutique pour éviter le contact des clients. « Je suis dans la confusion complète. On ne sait pas si elle a le virus. Je suis venu pour connaître le résultat du test. Si c’est confirmé, je serai dévasté. »
Une porte en fer rouge s’ouvre. C’est l’heure des visites. C’est l’heure aussi du verdict médical pour Collins Brama.
La vie continue malgré Ebola
Pour contrer l’épidémie d’Ebola, le gouvernement a pris une série de mesures pour éviter les rassemblements, et ainsi limiter les contacts physiques au sein de la population. Les compétitions sportives ont été annulées, les taxis doivent transporter moins de passagers, ou encore les lieux de loisirs comme les night clubs ou les bars doivent fermer après 18 heures. Mais malgré les dangers de contracter la maladie, des établissements contournent la nouvelle loi.