Après son décollage de Ouagadougou à 1h15 du matin, l'appareil atteint une altitude de croisière d'environ 9500 m vers 1h37. Les enquêteurs constatent des changements de route modérés typiques d'une stratégie d'évitement des zones orageuses.
Mais peu à peu l'avion ralentit et sa vitesse passe de 500 à 300 km/h. Une dizaine de minutes plus tard, il entame une chute vertigineuse, en spirale et à très grande vitesse. Une seconde seulement avant l'impact, l'avion était encore à 500 mètres d'altitude. Donc les enquêteurs pensent que l'avion ne s'est pas désintégré en plein vol.
A ce stade, le BEA n'exclue aucune hypothèse sur les raisons de la catastrophe aérienne. Pour l'heure, la boîte noire contenant les conversations dans la cabine de pilotage est inexploitable malgré les heures passées à restaurer les bandes magnétiques. Il s'agirait en fait d'un dysfonctionnement qui n'est pas lié à l'accident.
Mais tout espoir de retrouver des témoignages vocaux n'est pas perdu. Les enquêteurs vont désormais collecter les échanges entre les pilotes et les organismes au sol, tels que les tours de contrôle, ou encore les autres appareils survolant la région. Pour préciser davantage le scénario du drame, des calculs vont être effectués en utilisant un modèle de comportement et de performance de l'avion et de ses moteurs. Un rapport d'étape sur l'enquête sera présenté à la mi-septembre.
Si la thèse première était que l’avion s’était crashé à cause du fort orage qu’il traversait, « je ne pense pas que l'on puisse à ce stade exclure la thèse d'une action délibérée, mais on ne peut pas en dire plus pour l'instant », a toutefois ajouté le directeur du BEA, Rémi Jouty.
Le BEA va avoir besoin de quelques semaines pour poursuivre ses efforts, afin de rendre les différents enregistrements plus exploitables et en espérant pouvoir en tirer des informations utiles. Un rapport d'étape sur l'enquête sera remis à la mi-septembre.
Des familles déçues
Côté familles de victimes, c'est la déception et le sentiment d'être négligé par les autorités qui domine. Halidou Ouedraogo, président de l'association des familles au Burkina Faso, estime ainsi que « même si les boîtes noires ne sont pas exploitables, nous avons appris de la part de plusieurs sources que des conversations de ceux qui occupaient le cockpit des pilotes ont été captées, à un niveau ou à un autre ».
Face à la prudence des enquêteurs, Halidou Ouedraogo réplique par la fermeté de sa démarche. « Il faut que nous nous entourions de conseils solides, conclut-il. Parce que la bataille va être serrée et dure et que nous n'allons pas les laisser faire. »
L'un des motifs de sa colère, le peu de prise en compte du travail des autorités burkinabé par les enquêteurs français. « Le comité de crise, ici, a fait un travail excellent, note-t-il. Les enquêteurs à Paris n'ont même pas mentionné cela. Il y a certainement des choses à dire ! »