Marikana : la grève s'enlise, Lonmin tente de doubler les syndicats

En Afrique du Sud, la situation était toujours confuse hier à Marikana, au nord-ouest de Johnnesbourg, où le groupe Lonmin tente de faire reprendre le travail dans sa mine de platine. Depuis quatre mois, les mineurs du secteur sont en grève. Depuis quatre mois les ouvriers n'ont pas touché leur paie, mais tiennent bon.

Menés par le syndicat l'Association des mineurs et ouvriers du bâtiment (AMCU), les grévistes refusent de reprendre le travail tant que leur salaire ne sera pas porté à 12 500 rands, soit environ 860 euros. C'est plus du double de leur salaire actuel. Depuis le début de la grève, les 70 000 mineurs en grève ont perdu plus de 4 milliards de rands soit environ 300 millions d'euros.

« C'est dur. C'est dur pour tout le monde, mais il nous faut bien survivre », témoigne Molephie Phele, qui travaille pour Lonmin à Marikana et n'arrive plus à joindre les deux bouts. « Mes frères et ma mère m'aident financièrement. Nous partageons tout. Nous devons continuer la lutte, car personne ne viendra se battre pour nous. »

« Il y a beaucoup d’intimidation »

Iuwes Soboba refuse de mettre les pieds dans la mine tant qu'il n'aura pas obtenu l'augmentation de salaire demandée. Aujourd'hui il touche 5 000 rands par mois, soit 345 euros. « Je dois payer mon loyer, mes transports, et l'école de mes frères et sœurs, explique-t-il. Si j'ai besoin de quelque chose, je dois faire un emprunt. Encore une fois ! Si j'avais 12 500 rands, je pourrais construire ma maison, emmener mes enfants en vacances et m'acheter une bonne voiture. »

Lonmin a proposé de payer ses mineurs 12 000 rands par mois, primes comprises, mais cette augmentation serait étalonnée sur trois ans. Une offre que refuse fermement l'AMCU. La compagnie minière a contacté directement les mineurs, avec une nouvelle offre salariale court-circuitant le syndicat. Happy Mkhoma, porte-parole de Lonmin, estime que de nombreux mineurs ont peur de reprendre le travail. « Ils disent qu’ils voudraient revenir travail, qu’ils sont satisfaits de l’offre salariale qui a été faite, mais qu’ils ont peur, affirme-t-il. Il y a beaucoup d’intimidation, la sécurité est un problème, la police est nombreuse et a été déployée de façon visible, mais malgré ça les mineurs reviennent lentement. »

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Selon Happy Mkhoma, certains d'entre eux sont de retour des zones rurales ou ils étaient partis quand la grève a commencé, et il s'attend à ce qu’ils reviennent en plus grand nombre ce week-end. « Le plus important c’est que le processus de retour ait commencé et que les mineurs se sentent suffisamment en sécurité au travail. »

Mais la difficulté principale réside dans le transport. Les employés de Lonmin vivent aux alentours des mines et la compagnie affrète régulièrement des bus de ramassage pour ses employés. « Ces bus doivent aller dans les communautés ou se trouvent les grévistes, qui protestent, poursuit Happy Mkhoma. Donc nous nous sommes organisés pour que nos agents de sécurité et la police escortent ces bus. Leur rôle est important parce que nous ne pouvons pas sécuriser les habitations et les communautés. »

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