De hauts responsables de l'ancien régime ont déjà retrouvé la liberté. D'autres devraient bientôt quitter leur cellule. C'est le cas, notamment, de l'ex-ministre de l'Intérieur, Rafik Belhaj Kacem, et de l'ancien directeur de la sécurité présidentielle, Ali Seriati, qui ont été condamnés en appel à trois ans de prison, ce samedi. Les deux hommes ayant été incarcérés depuis 2011, leur peine a déjà été purgée dans le cadre de la détention provisoire.
La colère des familles des victimes
Leurs avocats se félicitent de ces décisions, rendues samedi 12 avril au soir par un tribunal militaire tunisien concernant la répression meurtrière qui s’est abattue dans de nombreuses régions tunisiennes en 2011, notamment dans le Grand Tunis, à Sfax (dans l’est), à Bizerte (dans le nord) ou encore à Kasserine (dans l’ouest). Les familles de victimes ont, elles, laissé éclater leur colère dès cette annonce. Il s’agit de jugements inacceptables, pour Me Charfedine Kelil, avocat de la partie civile, qui assure avoir la preuve qu'Ali Seriati avait donné ordre de tuer des manifestants. L’avocat s'insurge contre des allégements de peines après requalification des faits de « meurtre avec préméditation » en « non-assistance à personnes en danger ». Dénonçant un arrangement politique, Me Kelil envisage un pourvoi en cassation.
Pressions pour un procès civil
L’Observatoire tunisien de l’indépendance de la magistrature appelle à porter le dossier devant la justice civile. Une demande appuyée par plusieurs partis de l'opposition à la coalition majoritaire à l'Assemblée. Plus ambigu, Ennahda, exprime de son côté sa « solidarité » avec les familles des victimes et réclame un procès équitable « pour leur rendre justice ». Dimanche, quelques dizaines de militants de la société civile ont protesté devant le palais présidentiel de Carthage, dont le porte-parole dénonçait un peu plus tôt une décision « choquante pour les Tunisiens », tout en rappelant que la justice devait être respectée. L'ancien président Ben Ali a pour sa part été condamné à la prison à vie à trois reprises pour la répression des manifestations de décembre 2010 à janvier 2011. Il est actuellement toujours réfugié en Arabie Saoudite.