Soudan: rapprochement entre el-Béchir et l’opposant islamiste Al-Turabi

Le président tchadien Idriss Déby a rassemblé dans son village natal, les représentants de différentes communautés du Darfour pour essayer d'obtenir une accalmie sur le terrain. Une rencontre qui a donné lieu à une image forte, celle du président soudanais, Omar el-Béchir, aux côtés de son ancienne éminence grise, puis adversaire politique, Hassan al-Turabi.

Contesté au sein de son propre parti, mis sous pression par les groupes armés, ébranlé par le choc économique auquel le Soudan fait face, Omar el-Béchir s'est-il senti obligé de renouer avec l'ancien idéologue de son régime, l'islamiste Hassan al-Turabi, tombé en disgrâce en 1999, passé depuis à l'opposition ?

Les signes d'un réchauffement se sont en tout cas multipliés ces derniers mois. Turabi a accepté de participer au dialogue national souhaité en janvier par Béchir. Les deux hommes se sont rencontrés à la mi-mars et se sont fait photographier lors d'une poignée de main chaleureuse. Ils se retrouvent de nouveau ce week-end à Amdjarass sur le thème de la réconciliation entre Darfouris.

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« El-Béchir a senti qu'il était menacé, quand, au sein de son propre parti, le parti du Congrès national, des voix ont commencé à s'élever contre sa candidature à la prochaine élection, explique le chercheur soudanais Magdeldin Elgizouli. Il y a aussi eu des mouvements au sein des services et de l'armée. C'est à ce moment qu'el-Béchir a senti qu'il devait rééquilibrer le pouvoir en se rapprochant de Turabi ».

Selon un autre chercheur, Omer Ismaël, le Qatar a joué un rôle actif dans ce rapprochement entre les deux hommes. Les Qatariens ont en effet vu, dit-il, dans ce réchauffement l'occasion de consolider l'un des rares régimes islamistes de la région.

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