Les trois voisins
Il s'agit d'un couple et une femme, vivant à entre 100 et 200 mètres de l'habitation d’Oscar Pistorius. Tous ont affirmé avoir entendu une dispute, des cris, des appels à l’aide d’une femme puis des coups de feu la nuit du drame. Des témoignages accablants qui appuient la thèse du procureur selon laquelle Oscar Pistorius et Reeva Steenkamp se sont disputés cette nuit-là, puis que Reeva s’est enfermée dans les toilettes et qu’Oscar l’a poursuivie et tiré à travers la porte.
Toute la semaine, l’avocat de la défense, Barry Roux, un ténor du barreau de Pretoria, s’est évertué a démontrer que le témoignage de ces trois voisins étaient truffés d’incohérences : l’heure, l’ordre des événements, l’impossibilité d’entendre précisément d’aussi loin. Et que, par conséquent, les témoignages ne sont pas crédibles et pas fiable.
Il y a ensuite le témoignage d’un autre voisin, également médecin, qui est arrivé sur les lieux quelques minutes après l’incident. Probablement le témoignage le plus fort. Johan Stipp, ancien militaire, a décrit avec précision, les tirs, les cris, la lumière allumée. Surtout, quand il est arrivé dans la maison de Pistorius, il a trouvé le corps de la jeune femme, par terre en sang, et Oscar Pistorius effondré à côté du corps de sa petite amie.
« Oscar pleurait tout le temps. Il priait Dieu : "s’il te plaît, laisse la vivre, ne la laisse pas mourir !" A un moment, alors qu’il priait, il a même dit qu’il dédirait sa vie à Dieu, s’il l’a laissait vivre. C’était assez évident qu’Oscar était émotionnellement très très perturbé cette nuit-là. »
Le témoin a également affirmé que Pistorius tentait de ranimer la jeune femme, quand il est arrivé, et qu’une des premières choses qu’il ait dite est : « J’ai tiré sur elle, j’ai cru que c’était un cambrioleur, j’ai tiré sur elle. »
Un témoignage troublant, car même s’il confirme les cris et les tirs, il soulève le doute sur un acte prémédité et à froid.
De toute la semaine, ce témoignage a été le premier moment ou Oscar Pistorius a montré ses émotions : la tête baissée, les mains sur les oreilles, il s’est mis à pleurer doucement. L’audience levée, sa sœur, assise dernière lui, l’a prise dans ses bras, l’a réconforté et tous deux ont prié.
Le boxeur
Viennent ensuite les témoignages concernant un incident dans un restaurant de Johannesburg. Oscar Pistorius, qui déjeunait avec trois amis, a accidentellement déchargé l’arme qu’un de ses amis lui tendait sous la table. C’était un mois avant le meurtre de Reeva Steenkamp, en janvier 2013.
Un ami boxeur, présent à la table, a relaté l’incident. Selon Kevin Lerena, Pistorius voulait juste regarder l’arme car il souhaitait en acheter une similaire. « Le coup est parti dans le restaurant, et ça été le silence complet, a témoigné Lerena. Après le coup de feu, j'étais sous le choc. J'ai regardé en bas, et là où était mon pied, il y avait un trou dans le sol. » Et Lerena d'ajouter que Pistorius était choqué et s’était confondu en excuse.
Les deux autres témoins, les propriétaires du restaurant, ont simplement confirmé qu’il y avait plus de 200 clients dans la salle ce jour-là, notamment un enfant à la table à côté.
Durant ces trois témoignages, le procureur, Gerrie Nel, a bu du petit lait. L'affaire n'est pas liée directement au procès pour le meurtre de Reeva Steenkamp. Mais le parquet a joint cet incident au dossier accréditant la thèse qu’Oscar Pistorius aimait manier les armes à feu et avait une conduite irresponsable.
L’ex-petite amie et le garde
Finalement, vendredi, deux témoignages importants se sont succédés.
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Le premier d’une ancienne petite amie de Pistorius, Samantha Taylor, 17 ans à l’époque. Elle raconte les colères de Pistorius, son obsession pour la sécurité, pour les armes, ainsi que ses peurs. Plusieurs fois, il l’aurait réveillée pendant la nuit, croyant entendre du bruit.
Enfin, le dernier témoignage de la semaine, celui d’un responsable de la sécurité ou vit Pistorius. Devant le juge, Pieter Baba a raconté la séquence des événements : les coups de feu entendu, les appels des voisins. Mais surtout son propre appel à Pistorius : l’athlète lui aurait répondu « tout va bien », tout en sanglotant.
Quand le responsable est arrivé chez Oscar Pistorius, l’athlète en larmes descendait les escaliers, le corps de Reeva Steenkamp dans les bras.
Pourquoi Pistorius a-t-il affirmé que tout allait bien quelques minutes plus tôt ? Pourquoi a-t-il traîné à prévenir la sécurité. Le témoin sera à nouveau entendu lundi matin. Pendant ce temps, dans la salle du tribunal, Oscar Pistorius pleure.