Paradoxalement, ce ne sont pas les témoignages les plus à charge qui ébranlent la ligne de défense de l’accusé, mais ce sont ceux des Tutsis qu’il a lui-même sauvés du génocide.
Pascal Simbikangwa s’accroche à une thèse : à Kiyou, quartier cossu de Kigali peuplé d’expatriés et de notables, où il vivait « comme dans une bulle », a-t-il précisé, il n’a rien vu, rien entendu.
« Impossible », a expliqué à la barre Isaïe Harintinwari, entendu par la cour vendredi dernier. Ce Tutsi doit la vie à Simbikangwa qui l’avait pris sous sa protection. Et il affirme que Pascal Simbikangwa était bien un homme important, qu’il a armé des barrières et qu’il ne pouvait ignorer ce qui se passait à quelques mètres de chez lui.
Albert Gahamanyi, entendu à la barre ce lundi, raconte la même chose : sa famille tutsi a été sauvée par l’accusé, c’était leur voisin. Son père, Tutsi, était haut fonctionnaire au ministère de l'Intérieur. Grâce à l’entregent de Simbikangwa, cette famille a pu fuir Kigali. Avec lui, nous passions les barrières avec une grande facilité, se souvient Albert, 15 ans à l’époque. Il se souvient aussi qu’à ces barrières il y avait des cadavres partout.
Mais l’accusé s’entête : « De mon siège, je ne pouvais rien voir, dit-il, je n’ai pas vu un cadavre ». Le déni jusqu’à l’absurde.