Son audition était prévue pour durer trois heures, mais ce gardien de Kiyovu a finalement passé deux fois plus de temps à la barre des assises. En effet, entre le Tribunal pénal international pour le Rwanda (TPIR), les « Gacaca » (tribunaux populaires rwandais) et désormais la justice française, ce sont six témoignages de cet homme qui sont intégrés au dossier.
De l’un à l’autre, les versions diffèrent parfois comme sur la raison pour laquelle Pascal Simbikangwa lui aurait donné une arme ainsi qu’il l’affirme. Etait-ce pour empêcher le passage des Tutsi ou pour protéger la maison d’un ami de l’accusé ?
Le président note que ces récits ont varié sur ce point. Lui, s’en défend. Il dit avoir toujours invoqué la première raison et que si cela ne figure pas dans certains procès verbaux, c’est que son témoignage a été amputé.
L’avocat général – ajoutant alors un septième témoignage – lui donne raison et juge que les subtilités du langage et les problèmes de mémoire peuvent justifier ces décalages. Des décalages, en tout état de cause, que la défense ne manque pas d’exploiter.
Maître Fabrice Epstein fait remarquer que concernant un autre fusil confié à un gardien du quartier, le témoin avait affirmé, un temps, qu’il avait été donné par le colonel Bagosora, l’un des chefs de l’armée, en 1994. Aujourd’hui, l’homme évoque une arme donnée par Pascal Simbikangwa.
« Il y a eu confusion », se défend-il.
« Il y a eu confusion parce que ce jour-là, vous témoigniez contre Bagosora et qu’aujourd’hui, vous témoignez contre Simbikangwa », rétorque l’avocat.