Tunisie: premier couac dans l'adoption de la Constitution

En Tunisie, les députés adoptent la Constitution article par article depuis vendredi. Après un départ enthousiaste, tout s'est emballé dimanche 5 janvier. Un élu d'opposition s'est plaint d'avoir reçu des menaces de mort après des accusations de mécréance d'un confrère membre d'Ennahda. Un couac qui a bénéficié à l'opposition puisqu'elle a obtenu le vote d'un amendement rejeté la veille.

L'opposition était prête à boycotter les travaux de l'Assemblée par solidarité avec Mongi Rahoui, député du Front populaire menacé de mort, assure-t-il, après avoir été traité samedi d'« ennemi de l'islam » sur une radio tunisienne par Habib Ellouze, un élu de la frange radicale d'Ennahda habitué des polémiques.

Des menaces prises au sérieux par le ministère de l'Intérieur après deux assassinats d'hommes politiques l'an dernier. « Mes propos ont été mal compris », a tenté Habib Ellouze, avant de s'excuser devant l'hémicycle, ses déclarations étant jugées irresponsables et inacceptables, jusque dans les rangs de son parti.

Un amendement revoté

Mais l'opposition ne s'est pas contentée d'excuses, elle a obtenu qu'un amendement de la Constitution rejeté soit revoté. A été ajouté à l'article 6 garantissant la liberté de conscience et de croyance, l'interdiction d'incitation à la violence, mais aussi l'interdiction du takfir, le fait de traiter quelqu'un de mécréant ou d'apostat, ce qui s'assimile pour certains à une condamnation en islam. Mais des représentants de la société civile dénoncent une atteinte à la liberté d'expression.

A la suite de cette polémique, les députés devaient débuter leurs travaux sur la formation de l'instance électorale chargée d'organiser les élections et censée être mise sur pieds ce mardi.

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