La séance s’ouvre en l'absence d'une trentaine de députés sur les 217 que compte l’Assemblée nationale constituante. Le siège de Mohamed Brahmi est laissé vide avec sa photo comme à chaque plénière. Son assassinat en juillet avait fortement perturbé le processus d'adoption du projet de Constitution d'abord présenté le 1er juin.
Dès l'entame, le vote se déroule sans accroc, article par article, amendement par amendement. Les députés valident d’abord les premiers mots de la loi fondamentale : « Bis Milah », « au nom de Dieu ». Accepté également un amendement pour le retrait de deux virgules du second paragraphe. Celui visant à rebaptiser le texte « Pacte de la Révolution » est en revanche rejeté ; c’est le mot Constitution qui est finalement retenu. Et lorsqu'une élue propose d'inscrire le mot « dégage » en souvenir de la révolution, c'est l'hilarité générale.
Les premières heures passent ainsi sans incident majeur. Même au moment de l'examen du paragraphe trois du préambule, et du remplacement de sa phrase très disputée. « Sur la base des enseignements de l’islam » devient « Exprimant l’attachement de notre peuple aux enseignements de l’islam ». Malgré les critiques de Human Rights Watch, le concept de droits universels suprêmes est retenu au risque, selon l'ONG, de hiérarchiser et de relativiser ces droits fondamentaux.
A la mi-journée, les discussions se tendent. Des querelles de procédure entraînent plusieurs interruptions. Le vote final est toujours espéré pour le 14 janvier, jour anniversaire des trois ans de la fuite de Ben Ali.