L'objectif d'Omar el-Béchir est simple : garder le contrôle. Le pouvoir craint notamment une aggravation de la crise sociale, moins de deux mois après des émeutes sans précédent à Khartoum. Des milliers de personnes avaient protesté contre la hausse du prix du carburant. La répression avait fait plus de 200 morts selon Amnesty International.
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Une instabilité sociale à laquelle s'ajoute une instabilité militaire à la frontière Sud et au Darfour. Omar el-Béchir a donc promis des réformes à tous les niveaux, et annoncé un remaniement ministériel, mais le chercheur soudanais Omar Ismaël n'y croit pas. «En presque 25 ans de règne, explique-t-il, ce régime n'a jamais respecté ses promesses. Il ne se sent pas redevable donc il promet beaucoup pour détourner l'attention. Le pouvoir a senti la menace des manifestations, donc il a voulu faire baisser la pression dans la cocotte-minute, en laissant s'échapper un peu d'air... Mais justement ce n'est que de l'air... Et ses dirigeants finiront par revenir aux anciennes pratiques !»
Suite à la répression, trente personnalités du parti ont menacé de former leur propre mouvement, avec à leur tête Ghazi al-Attabani, un ancien conseiller présidentiel habitué aux coups d'éclat au sein du NCP.
Le parti a donné dix jours, à lui et deux autres leaders de la fronde, pour faire marche arrière, sinon ils seront expulsés. Cette affaire embarrasse Omar el-Béchir qui tente de garder la main sur le parti car la désunion pourrait affaiblir le pouvoir.