Westgate: les services de sécurité kényans mis en cause

Une enquête parlementaire doit se pencher sur l’attaque du centre commercial Westgate à Nairobi, la semaine dernière. Le chef des renseignements kényans doit être entendu, ce lundi 30 septembre 2013, par des députés. Un rapport du renseignement avait été diffusé à plusieurs ministères et aux chefs des services de sécurité avant le drame, prévenant d'un projet d'attaque de grande ampleur courant septembre. Nairobi est accusé par des sources sécuritaires d'avoir pris ces menaces avec désinvolture. Autre critique, s’il reste encore beaucoup de zones d’ombre concernant l’attaque du Westgate Mall, des éléments fiables montrent que la réponse des forces de sécurité a été défaillante. Son manque de coordination aurait même permis aux terroristes de se réorganiser.

Aux premières heures de la prise d’otages, les premiers à entrer dans le centre commercial après le début de l’attaque sont de simples policiers. Ils sont alors rejoints rapidement par des membres d’un groupe d’autodéfense de la communauté indienne, certains armés, d’autres non.

Débarque ensuite d’un fourgon, une quinzaine d’hommes de la Recce Company, une unité d’élite au sein des paramilitaires GSU. Ils n’ont pas d’uniforme, sont armés et portent des gilets par balle. Ils font évacuer des centaines de personnes terrorisées, magasin par magasin, en commençant par le deuxième étage, puis en redescendant par le premier, jusqu’au rez-de-chaussée. Ce n’est que vers la fin de l’après-midi que l’armée intervient.

Désorganisation totale

Selon plusieurs témoignages concordants, au moins un homme de la Recce Company est tué et certaines sources évoquent la possibilité d’un tir ami. Jusque dans la soirée, aucune coordination n’est faite entre l’armée, la police et les différents groupes impliqués dans l’opération de sauvetage. Seule une partie des gens qui fuient le Westgate sont fouillées par les forces de sécurité et quasiment personne n’est interrogé tant la confusion est générale. Selon certaines sources, ce chaos aurait permis aux terroristes de se réorganiser et de jouer à cache-cache avec les forces spéciales pendant deux jours supplémentaires.

Encore beaucoup de questions

Une enquête parlementaire vient d’être mise en place et les députés de deux commissions, défense et sécurité, doivent se rendre à Westgate ce lundi. Ces prochains jours, ils vont envoyer les convocations aux chefs des renseignements, de l’armée et de la police et préparer le calendrier des audiences. Alors que les informations sont données au compte goutte par les autorités, les questions s’accumulent.

Le ministre de la Sécurité Joseph Ole lenku affirme que cinq assaillants ont été tués. Où sont leurs corps ? Et surtout que sont devenus les autres assaillants, si on estime qu’ils étaient plus d’une dizaine au total. Autre mystère, cette liste de plus de 50 personnes portées disparues par la Croix-Rouge kenyane. Côté gouvernement, on affirme que plus personne ne manque à l’appel et que le bilan ne va pas s’alourdir.

Enfin, qu’en est-il de la participation supposée d’une femme blanche, décrite par plusieurs témoins ? Serait ce celle qu’on appelle Dada Mzungu, ou encore la « veuve blanche », Samantha Lewthwaite, qui était censée être activement recherchée ? Si les premiers jours de l’attaque, les médias ont célébré les forces de sécurité, les critiques émergent de plus en plus clairement sur la manière dont cette crise a été gérée dans l’opérationnel et dans sa communication.


■ ZOOM sur le quartier somalien de Nairobi plus d’une semaine après l’attaque terroriste

Les islamistes somaliens shebabs ont lancé de nouvelles menaces contre le Kenya. Cette attaque a créé un réel malaise au sein de la communauté somalienne vivant au Kenya, qui craint d’être prise pour cible.

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