Attaque de Nairobi: le retour des shebabs

Les shebabs somaliens ont revendiqué l'attaque terroriste du Westgate mall, la plus meurtrière à Nairobi depuis l'attentat suicide d'al-Qaïda, en août 2008, qui visait l’ambassade américaine et avait fait 200 morts. Samedi 21 septembre, dans des messages Twitter, ces islamistes radicaux liés à la nébuleuse ont indiqué qu'ils souhaitaient faire payer au Kenya son intervention militaire en Somalie.

On les disait affaiblis et divisés. Depuis 2011 et l'intervention africaine en Somalie, les shebabs avaient perdu le contrôle de la capitale, Mogadiscio, et de leur fief dans le sud du pays, Kismayo. Mais le mouvement de la jeunesse, « al-Shabab » en arabe, n'est pas mort, loin de là. Il vient de prouver qu'il ne doit finalement pas être sous-estimé.

Le nombre de ses membres est estimé à 5 000 hommes. Au printemps dernier, ils ont mené deux spectaculaires opérations à Mogadiscio, ciblant les tribunaux islamistes qui contrôlent la ville et le principal complexe de l'ONU sur place. Puis, en septembre, ils ont tendu une embuscade contre le convoi du président somalien - qui est sorti indemne - et ils ont signé un double attentat à Mogadiscio, qui a fait 18 morts.

Double-symbole

Au Kenya, ce n'est pas la première fois non plus que les shebabs signent des attaques. Depuis le début de l'année, ils ont signé une douzaine d'attaques, particulièrement dans la province du nord-est du Kenya, une région qui a connu des attentats frappant des églises, des bus, et faisant systématiquement des morts. Des actions ont aussi été menées à Mombasa, haut lieu touristique sur la côte de l'océan Indien. 

Mais cette fois, les shebabs ont frappé très fort : en plein cœur de la capitale kényane, avec un double symbole en filigrane, puisque c'est la société de consommation à l'occidentale qui a été frappée. Le centre commercial Westgate est particulièrement fréquenté par les riches Kényans et les expatriés de Nairobi.

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Pour le chercheur Rachid Abdi, l'attaque contre le Westgate shopping mall démontre tout simplement que les shebabs sont capables de mener des actions de type « commando » plus sophistiquées qu'une simple attaque suicide. Et qui plus est, hors de leur base, la Somalie.

Idem pour Roland Marchal, selon lequel  les shebab viennent de prouver, une nouvelle fois, leur capacité à tuer et à marquer les esprits. « Ils font durer la prise d'otages et créent un choc en s'attaquant à des expatriés », explique-t-il.

Extension du conflit somalien

Les shebabs parlent d'ailleurs, au sujet des cibles, « d'infidèles » et disent avoir protégé les musulmans (ce qui n'est pas exact puisque des musulmans sont morts à Westgate).

En tout état de cause, cet attentat de Nairobi a une répercussion internationale bien plus importante que les dernières attaques ayant touché des Somaliens. A terme, elle risque d'illustrer l'extension du conflit somalien dans toute la Corne de l'Afrique.

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