Dans un communiqué, la commission d’enquête dit être en possession de nouveaux documents qui remettent en cause la version de la police dans la tuerie de Marikana en août 2012. Elle précise avoir eu accès aux disques durs informatiques de certains membres des forces de l’ordre. Et l’examen de ces éléments révèle que la police a d’une part dissimulé certains documents, et d’autre part en a fabriqués.
Parmi ses preuves, il y aurait des vidéos tournées par la police le jour de l’incident qui seraient incriminantes pour les forces de l’ordre et qui n’ont jamais été portées aux dossiers. Ainsi qu’un autre film, qui avait bien été montré à la commission, mais avec des images rajoutées et filmées ultérieurement pour justifier la légitime défense. Enfin, il y aurait des minutes de la police fabriquée après l’incident.
La commission va même plus loin en affirmant que ces nouvelles pièces démontrent que la version de la police sur les évènements de Marikana ne correspond pas à la vérité. Elle n’utilise pas le verbe « mentir », mais les accusations sont graves.
Trouver les responsables
En Afrique du Sud, les commentaires ne sont plus à essayer de définir si la police a agi en légitime défense, mais s’il y a eu tentative de dissimulation. Et si c’est le cas, qui en a donné l’ordre ? Jeudi sur les réseaux sociaux, on pouvait lire des appels à la démission du ministre de la Police Nathi Mthethwa. La police n’a jamais admis la moindre responsabilité puisqu’aucun de ces membres n’a été inquiété jusqu'à présent.
Ce matin, la police a simplement publié un communiqué regrettant de ne pas avoir pu clarifier ces informations avant qu’elles ne soient rendues publiques. Elle regrette la méthode utilisée par la commission et rappelle que cette dernière est sensée rester neutre. Les forces de l’ordre ajoutent qu’elles seront prêtes à répondre à toutes les questions, mercredi prochain, quand la commission reprendra ses audiences.
Silence des autorités
Le plus étonnant, c’est l’absence de réaction de la part du gouvernement, mais aussi du parti au pouvoir l’ANC, et de la Cosatu, la confédération des syndicats. Ce qui donne l’impression d’un silence général.
Il faut rappeler qu’il y a un bras de fer oppose les mineurs de Marikana et le gouvernement, car celui-ci finance les sept avocats qui défendent la police alors que les mineurs n’ont pas les moyens d’avoir une représentation légale. Les mineurs accusent donc le gouvernement de soutenir la police et la compagnie minière.
Même silence du côté du bouillonnant Julius Malema, qui joint par RFI n’a pas souhaité commenter l’affaire. Seule l’Alliance Démocratique de Helen Zille, la maire du Cap, s’est exprimé déclarant « qu’il s’agissait d’une des révélations les plus choquantes de notre démocratie ».