Isaac Ngoto a vécu dans sa ferme de Kiamba non loin d’Eldoret, de 1967 au premier janvier 2008, le jour où des miliciens Kalenjins ont incendié sa propriété et celles de ses voisins avant de s’attaquer à une église où s’étaient réfugiés des femmes et des enfants.
Aujourd’hui, il vit à Nairobi avec un maigre salaire de chauffeur de taxi. Il fait partie des plus de 300 personnes enregistrées comme victimes dans le procès Ruto-Sang à La Haye.
Il a perdu son optimisme depuis longtemps : « Dans les zones d’où on a été chassés, on aurait pu trouver des preuves concrètes mais les témoins ont été instrumentalisés par les politiques. Et maintenant, ils se rétractent. A la fin, qui va rester pour témoigner ? ».
Campagne de désinformation ?
La presse locale fait régulièrement état de témoins réels ou supposés ayant décidé de ne plus participer au procès. Le procureur de la CPI s’inquiète d’une campagne de désinformation en cours au Kenya.
« Les défenseurs des droits de l’homme vivent dans la peur dans tout le pays, explique Wainaina Ndung'u, directeur du Centre international pour le développement des politiques et la prévention des conflits (ICPC). Ces victimes ont été réduites au silence. Mais maintenant que nous entrons dans la période critique, les procès eux-mêmes, cela ne va faire qu’augmenter ».
Le vote au Parlement jeudi visant à retirer le pays du Statut de Rome a en tout cas jeté des doutes sur la coopération future des deux accusés.