Le débat qui a duré quatre heures, ce mercredi 5 septembre, a été retransmis en direct sur la plupart des chaînes de télévision. La tonalité des discours a fait largement écho à la déclaration des chefs d’Etat de l’Union africaine, en mai dernier, à Addis-Abeba.
La Cour pénale internationale est l’instrument des anciens colonisateurs européens. Le Kenya est une grande puissance en Afrique et ne doit pas abandonner sa souveraineté. L’argument qui est revenu plusieurs fois dans la bouche des députés de la majorité, détenue par la coalition du Jubilée, était que des grandes puissances comme les Etats-Unis, la Chine, ou encore la Russie, n’ont pas signé le statut de Rome.
Le chef de l’opposition appartenant à la coalition Cord, Francis Nyenze, a déclaré sous les huées de ses adversaires que ce retrait ferait du Kenya un Etat paria et qu’il s’agissait d’un suicide politique.
Mais ces protestations n’ont pas servi à grand-chose. La motion a été adoptée à une grande majorité et une proposition de loi sera rédigée, qui devra ensuite être débattue à nouveau au Parlement puis ratifiée par le président.
Parallèlement, des fonds sont en train d’être levés pour permettre à des dizaines de députés d’accompagner le vice-président William Ruto à La Haye, afin de lui apporter un soutien politique pendant son procès.
Protestations des ONG
Amnesty International qualifie ce vote de « tentative inquiétante de refuser la justice » aux victimes des violences de 2007-2008, estimant qu'il « instaure un dangereux précédent pour l'avenir de la justice en Afrique ». Une inquiétude partagée par Ali Ouattara, le représentant en Côte d'Ivoire de la Coalition pour la CPI.