Avec notre correspondante à Antananarivo, Anna Sylvestre
La première tentative a échoué. Le Conseil chrétien des Eglises malgaches, le FFKM, espérait réunir les ex-présidents du pays dimanche 5 mai pour la clôture. Seuls deux d’entre eux, Albert Zafy et Didier Ratsiraka, sont finalement venus.
Mais c’est bien le nouveau défi qui attend cette médiation : réunir les anciens présidents du pays. Les chefs des Eglises chrétiennes l’ont annoncé dimanche : sous leur égide, les quatre hommes doivent se voir, se parler, se pardonner et trancher.
Un processus qui ne s’annonce pas aisé. Car ces chefs d’Etat ont des positions divergentes. Si Albert Zafy et Didier Ratsiraka sont tous deux favorables à une nouvelle transition, ils n’en ont pas la même conception.
Les négociations ont commencé
Marc Ravalomanana, lui, joue sur les deux tableaux. Sa femme est en lice pour les prochains scrutins, mais un report des élections pourrait, pour lui, être synonyme de retour sur la Grande île. C’est ce qu’il ne cesse de demander. Les chefs religieux travaillent d'ailleurs à rassurer l'armée, inquiète de la réapparition sur l'échiquier d'un président qu'ils ont chassé en 2009.
Quant à Andry Rajoelina, candidat surprise de l’élection présidentielle, il semble aujourd’hui opposé à une nouvelle transition. Toutefois, son camp reste divisé, le temps pourrait l’aider à se rassembler.
S’ils se mettent d’accord, et acceptent des recommandations proches de celles de la médiation, les quatre hommes pourraient les entériner. Et la communauté internationale pourrait en fait difficilement s’y opposer. Selon des sources proches du dossier, les négociations ont commencé.
« Déception » française
Hier, lundi 6 mai, la France annonçait avoir appris « avec déception la décision de la Cour électorale spéciale de déclarer recevable la candidature de Mme
Lalao Ravalomanana, M. Didier Ratsiraka et M. Andry Rajoelina à l'élection présidentielle de Madagascar (...) qui rompt l'engagement solennel pris le 15
janvier 2013 de ne pas se porter candidat ».
Le report des élections de juillet pourtant applaudi à l'issue du dialogue national du week-end dernier suscite maintenant des contestations. « C'est le jeu hypocrite des Malgaches », explique un des acteurs du dialogue « tous ceux qui s'opposent au report font semblant, d'abord pour berner la communauté internationale ensuite pour se déresponsabiliser face aux Malgaches qui attendent des élections depuis quatre ans ». Pire toujours selon cet interlocuteur, « certains d'entre eux souhaiteraient même qu'il n'y ait pas d'élections avant longtemps ».