Madagascar: le «nouveau départ» proposé par le Conseil chrétien complique la donne politique

La proposition du Conseil chrétien des Eglises malgaches de reporter l’élection présidentielle du 24 juillet prochain et d’instaurer un nouveau gouvernement de transition en vue de la rédaction d’une nouvelle Constitution, est loin de faire l’unanimité dans la classe politique. En particulier parmi les candidats.

Avec notre correspondante à Antananarivo, Anna Sylvestre

La principale recommandation de la résolution finale du processus de dialogue inter-malgache, rendue publique ce dimanche 5 mai, est la mise en place d’une nouvelle transition, et donc le report des élections. Ce que propose ce dialogue, en somme, c’est un nouveau départ.

Une transition de dix-huit mois

Cette transition n’excèderait pas dix-huit mois. Elle serait conduite par un Premier ministre aux pleins pouvoirs. La feuille de route, signée en 2011 par une dizaine de mouvances politiques sous l’égide de la communauté internationale, serait pour sa part oubliée et remplacée par un autre texte.

Une nouvelle Constitution

Une Assemblée constituante serait par ailleurs chargée de rédiger une nouvelle Constitution, puis de la soumettre à référendum. Ce n’est qu’après tout ce processus que des élections présidentielles et législatives seraient organisées.

La médiation propose de créer un Conseil des chefs d’Etat. Il rassemblerait le président de la transition actuel, Andry Rajoelina et ses prédécesseurs, Marc Ravalomanana, Didier Ratsikaka et Albert Zafy. Cette instance n’aurait aucun pouvoir de décision, mais uniquement une autorité morale.

Quel futur pour ces propositions ?

Pour l’instant, il est impossible de dire si ces revendications seront suivies ou pas. Le dialogue malgache n’est pas souverain. Il n’a aucune force exécutoire, pour s’assurer que ces recommandations ne restent pas lettre morte.

Les chefs des églises chrétiennes, le FFKM donc, vont devoir trouver du soutien. Il y a peu de chance qu’ils l’obtiennent du côté de la communauté internationale. Le médiateur dans la crise malgache Joachim Chissano, a réaffirmé, dimanche 5 mai, qu’il voulait le maintien du calendrier électoral.

L'éxécutif désapprouve

Reste donc l’éxécutif malgache. Avant l’ouverture de cette médiation, le Premier ministre Omer Beriziky disait au micro de RFI qu’il faisait confiance au FFKM, et que si tous voulaient le report du scrutin, alors il s’y plierait. Mais depuis l’annonce des conclusions, il ne s’est pas exprimé.

Andry Rajoelina ne s’est pas plus prononcé depuis la publication des recommandations. Mais ces derniers jours, le président de la transition a été assez clair. Désormais candidat à sa succession, il s’est opposé ce week-end au report du scrutin.

Les chaises des deux têtes de l’éxécutif étaient d’ailleurs vides, dimanche, lors de la clôture de la médiation. Des absences qui ont été interprétées comme des désapprobations.

Reste que, maintenant, personne ne pourra ignorer les conclusions du dialogue. Il a rassemblé plus de 600 personnes issues de 200 organisations, et le FFKM a une forte autorité morale à Madagascar. Dans l’immédiat, donc, cette médiation semble surtout compliquer encore un peu plus la sortie de crise.

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