« Nous avons lancé la mise en place de cellules de crise pour surveiller les activités terroristes sur la frontière (Algérie, Libye) et dans le maquis, face à la montée du courant salafiste extrémiste et à l’existence de réseaux d’enrôlement », a déclaré le ministre tunisien de l’Intérieur, Lotfi Ben Jedodou, à l’Assemblée nationale constituante (ANC).
Le ministre de l’Intérieur a également indiqué que ces cellules antiterroristes travailleront sous le contrôle du Conseil supérieur de la sécurité et devront également suivre des crimes terroristes incluant l’embrigadement de jeunes Tunisiens pour le jihad en Syrie. Le parquet tunisien a déjà ouvert une enquête sur le recrutement de Tunisiens pour rejoindre les rangs des islamistes en Syrie. De son côté, la presse a pointé du doigt des prédicateurs qu’elle accuse d’encourager le ralliement de Tunisiens à la rébellion contre le régime syrien.
Mise en garde d’une implantation d’Aqmi en Tunisie
Cette annonce de la création d’une cellule de crise antiterroriste en Tunisie coïncide avec la visite du général Carter Ham qui a fait une brève escale, mardi, à Tunis où il a rencontré le chef du gouvernement Ali Larayed, le ministre de l’Intérieur et le chef d’état-major inter-armées. A la suite de ces entretiens, le commandant de l’Africom a lancé une mise en garde contre la menace d’Aqmi dans la région du Maghreb et son implantation en Tunisie.
« La menace d’al-Qaïda dans la région est très sérieuse et il me paraît très clair qu’al-Qaïda veut s’établir en Tunisie », a averti le général Carter Ham tout en se disant « convaincu » que le gouvernement tunisien était « totalement engagé à empêcher Aqmi de prendre pied en Tunisie ».
En ce qui concerne cette question, dans une interview accordée au journal Le Monde, daté de ce mercredi 27 mars, le Premier ministre tunisien, Ali Larayedh, a indiqué que depuis plusieurs mois le ministère de l’Intérieur travaille sur des réseaux de trafiquants d’armes tout en assurant qu’ « il n’y a pas de camps d’entraînement (jihadiste) en Tunisie mais quelques individus qui se sont réfugiés dans les montagnes et que nous les poursuivons », a-t-il dit, avant d'ajouter : « Nous ne sommes pas à l’abri du terrorisme, vu nos frontières difficiles à garder et ce qui se passe en Libye […] Et puis nous avons une guerre, pas très loin, au Mali », a souligné le Premier ministre tunisien.
Ali Larayed a, par ailleurs, confirmé que le chef du groupe Ansar al-Charia, Abou Ayad, est toujours recherché et est bien impliqué dans l’attaque contre l’ambassade américaine à Tunis le 14 septembre dernier. Ce leader du principal mouvement jihadiste tunisien est parvenu, à trois reprises, à déjouer son arrestation.