L'incertitude plane au Kenya dans l'attente des résultats

Le Kenya attend toujours les résultats de la présidentielle sur fond de retard de dysfonctionnement. Le vice-Premier ministre Uhuru Kenyatta et son principal adversaire, le Premier ministre sortant Raila Odinga, sont face à face. Après la lenteur du dépouillement qui a provoqué des inquiétudes et un climat de suspicion, la Commission électorale indépendante (IEBC) a annoncé que les résultats seraient bientôt donnés mais les gagnants attendent dans un climat d’anxiété.

Les résultats n’ont pas bougé parce que la transmission électronique a cessé de fonctionner. Et les raisons ne sont pas très claires. La Commission électorale n’arrive pas à rassurer les gens, d’autant que lors d’une simulation de vote il y a quelques jours, les techniciens en informatique avaient justement pointé ces dysfonctionnements pour empêcher l’échec le jour J.

La Commission a donc dû revenir au système manuel de 2007 : tous les documents officiels depuis le niveau local sont rapportés en personne par ses agents pour être comptés. Rien ne garantit donc que les résultats puissent être donnés très rapidement.

Comme le souligne un analyste, le Kenya se retrouve confronté à la situation de 2007. Cette similitude ne se retrouve pas dans les violences, mais dans le climat d’incertitude sur les raisons du retard, et de suspicions alimentées par les discours des partis politiques qui commencent, après avoir appelé au calme, à parler. La coalition Jubilee a estimé dans une conférence de presse qu’il y avait une interférence des diplomates internationaux, qu’on l’empêchait de gagner au premier tour. La coalition de Raila Odinga estime pour sa part qu’il y a eu des fraudes lors de la transmission électronique.

300 000 bulletins nuls

Ce sont autant d’ingrédients qui ne favorisent pas la quiétude. Mais le plus gros contentieux concerne le vote nul. Il y aurait au moins 300 000 bulletins nuls, soit plus de 5% du total. Un chiffre considérable dû à la forme du scrutin. Pour la première fois, les électeurs devaient déposer six bulletins dans six urnes distinctes, pour élire président, députés, sénateurs, et élus locaux. Mais beaucoup se sont trompés d'urnes.

Or selon la Constitution, ces votes nuls doivent être inclus dans le comptage. La Commission a donc choisi de les réintégrer dans la base de calcul pour déterminer le seuil de la majorité absolue. Une décision qu’Uhuru Kenyatta juge suspecte. Lui qui avait dépassé les 50%, ce qui est requis pour une victoire au premier tour, pourrait alors redescendre en dessous de 50%. Il y a une vraie anxiété dans le pays.

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