Tunisie: le chef d'Ennahda propose un gouvernement «mixte»

La Tunisie, en pleine crise, est en proie à un véritable bouillonnement politique. Après la proposition du Premier ministre de former un gouvernement de technocrates, les tractations se multiplient de part et d'autre. Le chef d’Ennahda propose un gouvernement mixte, composé de politiques et de techniciens.

Lundi, ce sont des députés du parti islamiste Ennahda qui poussaient la proposition dans les couloirs de l’Assemblée. Ce mardi 12 février, c’est le chef du parti lui-même, Rached Ghannouchi, qui l’a défendue.

Lors d’une interview à la chaîne Al-Moutawasat, Rached Ghannouchi a plaidé pour la mise en place d’un gouvernement de « coalition nationale », qui serait composé à la fois de politiques et de techniciens. C’est, juge-t-il, « le gouvernement qui peut sauver la situation dans le pays ».

Cette formule d’un gouvernement mixte convient d’autant plus Ennahda qu’elle peut lui permettre de sortir de cet âpre débat en limitant les déchirements politiques en interne.
La mise en place d’un gouvernement mixte constituerait en effet un compromis entre les positions différentes exprimées au sein d’Ennahda : le Premier ministre, Hammadi Jebali, plaidant pour un gouvernement composé exclusivement de techniciens. D’autres membres d’Ennahda défendant un gouvernement composé uniquement sur des bases politiques, reflétant ainsi la « légitimité des urnes » issues des dernières élections en date.

Les «durs» d'Ennadha maintiennent la pression

Les « durs » du parti islamiste ne désarment d’ailleurs pas. L’un d’entre-eux, le député Habib Ellouz, a appelé à une nouvelle manifestation, ce vendredi 14 février après la prière hebdomadaire. Il entend par là obtenir la formation d’un gouvernement politique que dirigerait Ennadha.

Dans le reste de la classe politique tunisienne, le scénario avancé par Rached Ghannouchi ne fait pas consensus. Une députée du parti Ettakatol a ainsi indiqué à RFI que cette solution n’était plus d’actualité depuis l’assassinat de Chokri Belaïd et l’aspiration des Tunisiens à plus de « neutralité ».

Moustapha Ben Jafaar, le chef d’Ettakatol, s’est lui-même exprimé ce mardi 12 février pour marquer son accord à la formule préconisée par le Premier ministre, celle d’une équipe de techniciens. « Nous soutenons vivement la position du chef de gouvernement qui sert l'intérêt national », a déclaré Ben Jafaar, précisant qu’il mettait à la disposition du chef du gouvernement tous les postes ministériels contrôlés par son parti.

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