Avec notre envoyé spécial à Tunis,Laurent Correau
Les militants d'Ennahda ont commencé à se rassembler dès le début de l'après-midi sur la célèbre avenue Bourguiba, dans le centre-ville de Tunis. Une manifestation aux mots d'ordre multiples, organisée à l'appel du mouvement de jeunesse du parti islamiste.
Les slogans ont visé en premier lieu la France, après les propos tenus par le ministre de l'Intérieur Manuel Valls sur l'antenne de la radio française Europe 1. Après l'assassinat de l'opposant de gauche Chokri Belaïd, dont la mort par balle a exacerbé les tensions, M. Valls a en effet parlé de « fascisme islamiste qui monte un peu partout », et qu'il faut selon lui combattre.
« La Tunisie c'est à nous, c'est nous qui décidons », confie un jeune manifestant, ce vendredi à Tunis. « Il faut respecter le vote des Tunisiens », renchérit pour son part un homme plus âgé. « France, dégage ! », entend-on dans la foule.
Au cours du défilé, les partisans d'Ennahda dénoncent aussi le projet du Premier ministre Hamadi Jebali de constituer un gouvernement de technocrates sans demander l'autorisation de l'Assemblée nationale constituante, dominée par Ennahda.
Sur France 24, le chef du gouvernement a en effet affirmé ce vendredi qu'il se donnait trois jours pour parvenir à la formation d'un nouvel exécutif. Sans quoi, dit-il, il est prêt à démissionner.
Selon lui, tous les portefeuilles régaliens actuellement aux mains des islamistes doivent désormais revenir à des personnalités indépendantes des partis.
« Nous sommes venus manifester pour la légitimité de la Constituante », explique un homme croisé ce jeudi à Tunis. « On est venu manifester pour soutenir Ennahda parce que c'est notre parti, c'est lui que nous avons choisi », indique pour sa part un jeune fille, avant d'ajouter : « Après le meurtre de Chokri Belaïd, on a blamé Ennahda mais Ennahda n'aurait jamais pu faire ça. »