De notre correspondant à Tunis, Laurent Correau
« Je présenterai l'équipe au plus tard au milieu de la semaine prochaine. Si elle est acceptée (...) je continuerai à assumer mes fonctions de chef du gouvernement, à défaut, je demanderai au président de la république de chercher un autre candidat pour composer un nouveau gouvernement », a déclaré Hamadi Jebali, Premier ministre tunisien, ce samedi 9 février.
Ces nouvelles déclarations du chef du gouvernement viennent confirmer qu’Ennahda, le parti au pouvoir, est en train de se diviser sur la question du remaniement ministériel, alors que le pays traverse une période de tensions extrêmes suite à l’assassinat de Chokri Belaïd, figure de l’opposition, assassiné le 6 février dernier.
D’un côté, le Premier ministre Hamadi Jebali, membre d'Ennahda, a affirmé son intention de former un gouvernement de techniciens, et non de politiques. Il l’a redit ce vendredi 8 février, en soutenant également qu’il n’aurait pour cela pas besoin de demander le feu vert de l’Assemblée nationale constituante.
En face, il y a le camp des durs d’Ennahda, rassemblés derrière l’homme fort du parti : Rached Ghannouchi. Eux ne veulent pas céder l’avantage que leur confère le poids politique dont ils disposent au sein de l’Assemblée et réclament un gouvernement qui en soit le reflet.
Plus de 3000 manifestants ont répondu à l'appel des jeunesses d'Ennahda
Certains députés ont déjà pris position publiquement dans ce débat. Les jeunesses d’Ennahda, elles, avaient appelé à manifester ce samedi après-midi.
Plus de 3.000 personnes ont rejoint cette manifestation qui a démarré en début d’après-midi dans les rues de Tunis. Les manifestants, parmi lesquels des militants d’Ennadha et des militants salafistes arborant des bannières noires, ont notamment entonné des slogans tels que « France dégage », répondant ainsi aux propos de Manuel Valls. Le ministre de l’Intérieur français a en effet dénoncé cette semaine un « fascisme islamiste », après l’assassinat de Chokri Belaïd.
La crise couve au sein de la majorité gouvernementale
Le pays est actuellement dirigé par ce que les tunisiens nomment « la troïka » : une alliance entre Ennahda, le parti Ettakatol (centre gauche) et le CPR (Congrès pour la République).
Il y a une semaine, le CPR a lancé à Ennahda un ultimatum qui expire ce samedi : si le remaniement ministériel n’a pas lieu, le CPR menace de quitter la troïka. Ettakatol envisage également de sortir du gouvernement, si aucun changement n’a lieu.
Les deux alliés d’Ennahda au gouvernement insistent notamment sur la nécessité de choisir un nouveau ministre de la Justice, qui soit une personnalité à la fois crédible et indépendante.