Egypte : seconde phase d'un référendum constitutionnel controversé

L’Egypte vote ce samedi 22 décembre pour la deuxième phase du référendum constitutionnel. La moitié des électeurs, soit 26 millions d’électeurs de 17 gouvernorats, doit se prononcer à son tour sur le texte très largement inspiré de la charia et que rejette l'opposition. Une Constitution qui cristallise les passions depuis des semaines. Hier encore, à Alexandrie aux abords de la Grande Mosquée, des heurts ont opposé les pour et les contre. La police a du s'interposer entre les deux camps qui s'affrontaient à coups de pierres : bilan 62 blessés.

Avec notre correspondant au Caire, Alexandre Buccianti

Pro et anti-Constitution ont multiplié vendredi les manifestations de dernière heure dans les provinces qui votent ce samedi. Les islamistes veulent obtenir un score écrasant de « oui » afin que la moyenne nationale dépasse les 70%. Le « oui » ne l’avait emporté que par 57% au premier tour.

Le Front du salut national, qui réunit l’opposition, espère empêcher un raz-de-marée de « oui » même s’il est convaincu que le scrutin sera truffé de fraudes. L’opposition a déposé un grand nombre de plaintes pour irrégularités à l’issue du premier tour.

Mais la commission électorale n’en a pratiquement pas tenu compte. Une attitude qui a poussé le président de la commission à se retirer en signe de protestation. Un scrutin sur lequel pèse aussi l’inconnue de la participation d’un nombre suffisant de magistrats après l’annonce de la plupart des juges et procureurs qu’ils boycotteront ce référendum.

Cela n’a pas empêché la commission d’affirmer qu’elle disposait des 7 000 magistrats indispensables. La Constitution intérimaire exige la supervision de chaque bureau de vote par un magistrat pour valider le scrutin.

Dans la nuit, la présidence de la République a annoncé que le président Morsi avait approuvé la nomination de 90 personnalités au Conseil consultatif qui héritera du pouvoir législatif en cas d’adoption de la Constitution. Une tentative de façade pour rééquilibrer un conseil où les islamistes détiennent plus de 80% des sièges.

Si des représentants de l’Eglise figurent sur la liste, aucun des nommés n’appartient, par contre, à l’opposition.

De nombreuses plaintes

Huit heures après le début du scrutin, les contestations se multiplient. La première plainte concerne l’ouverture tardive de très nombreux bureaux de vote. Certains ont ouvert après plusieurs heures. Des retards qui ont provoqué la colère des électeurs à Qéna en Haute Egypte. Les électeurs, pour protester, ont coupé la route reliant le sud et le nord de l’Egypte.

De nombreuses plaintes ont en outre été déposées à l'encontre d'observateurs islamistes qui cherchent à influencer les électeurs plutôt que de surveiller le déroulement du scrutin. Les autorités ont distribué plus de 30 000 permis à des ONG islamistes formées il y a quelques mois, alors qu’elles ont négligé des organisations existant depuis des dizaines d’années.

D'autres plaintes concernent les chrétiens qui ont été empêchés de voter en Moyenne et Haute Egypte. Mais la plainte qui revient le plus souvent est l’extrême lenteur du vote. Beaucoup d’électeurs ont dû patienter des heures avant de déposer leur bulletin tandis que d’autres sont partis. La cause principale de cette lenteur est l’insuffisance des magistrats qui, selon la Constitution intérimaire, doivent être présents dans chacun des 6700 bureaux de vote.

Pour tenter de palier au problème, la commission électorale a décidé de prolonger le scrutin de quatre heures. Une mesure qui avait été adoptée au premier tour mais qui n’a pas empêché le taux de participation de rester très bas, 30% à peine.

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