Si l'association Sherpa reconnaît que les observatoires de la santé ont bien été mis en place dans les deux pays, elle considère que leur fonctionnement est au ralenti. Mais pour William Bourdon, président de Sherpa, les termes de l'accord n'ont surtout pas été respectés sur le volet indemnisation des victimes : « Nous sommes devant une anomalie absolue. Deux familles françaises ont été indemnisées sur un total de 10 à 12. Et, sur plus de 100 anciens travailleurs africains gabonais ou nigériens, aucun n’a été identifié comme ayant contracté une maladie professionnelle. Comment cela se fait-il ? Les travailleurs français auraient travaillé au fond de la mine, auraient été les plus exposés et les travailleurs africains au-dessus ? C’est absurde ! On a tiré la sonnette d’alarme dix fois. Voilà. On a pris cette décision qui n’était pas facile à prendre, mais dans un consensus parfait avec tous nos partenaires. »
De son côté, le groupe Areva met en avant le fait que 800 salariés africains bénéficient désormais d'un suivi médical. Pour Alain Acker, directeur médical du groupe, les indemnisations viendront si elles sont légitimes, mais c'est trop tôt : « Du côté des mineurs africains, c’est plus long parce qu’il faut constituer l’ensemble des dossiers médicaux ; il faut rassembler des données qui étaient dispersées ; il faut organiser des examens complémentaires alors qu’en France, on avait déjà des dossiers constitués. Donc aujourd’hui, c’est le début du dispositif qui est en place. Il faut attendre vraiment qu’on ait vu tous les anciens mineurs en consultation pour tirer des conclusions. Il est bien trop tôt aujourd’hui pour tirer des conclusions. »
Les premières indemnisations pourraient intervenir en 2014. C'est trop long et trop flou pour l'association Sherpa qui réfléchit à une nouvelle stratégie pour faire pression sur le groupe Areva.