Algérie : François Hollande devant le Parlement pour «dire la vérité» sur la colonisation

François Hollande, reçu en grande pompe en Algérie, s'est adressé ce jeudi 20 décembre à la tribune du Parlement, pour un discours de vérité. Le mot est revenu à de nombreuses reprises hier au premier jour de la visite du président français dans le pays. Il s'agit là d'énoncer la « vérité » sur le passé commun des deux pays pour ouvrir une nouvelle ère. Ce jeudi, le président français ira aussi à la rencontre de la jeunesse algérienne à l'université de Tlemcen dans l'ouest du pays. Le chef de l'Etat français est accompagné d'une délégation nombreuse de près de 200 personnes dont neuf ministres, une douzaine de responsables politiques, une quarantaine de patrons, des écrivains, des artistes et une centaine de journalistes.

Avec notre envoyée spéciale à Alger,

Tisser un partenariat stratégique d’égal à égal, et valoriser la coproduction dans le domaine économique, telles sont les priorités annoncées hier par François Hollande. « Il faut engager les sociétés, les gouvernements, pour qu’une page se tourne et qu’on puisse en écrire tellement d’autres » a-t-il résumé.

Interpellé sur la question des droits de l’homme, François Hollande a été très clair : « Je ne viens pas faire la leçon comprenez-moi bien. Je suis là pour dire tout ce que nous pouvons faire ensemble ». Ne pas heurter les sensibilités algériennes, tel semble être l’esprit dans lequel est venu le président français qui n’a pas manqué de rappeler la relation personnelle qu’il entretient avec l’Algérie.

François Hollande a cependant promis que tous les sujets seraient abordés, durant ce séjour, que ce soit l’enquête sur la mort des moines de Tibéhérine, ou l’indemnisation des victimes des essais nucléaires au Sahara.

Pour rassurer et apaiser les mémoires, le mot choisi hier soir devant la presse a été celui de « vérité ». Vérité sur le passé, vérité sur la colonisation. Le passé doit nous permettre d’aller plus vite et plus loin. C’est avec ces mots que le président français a donné le ton des discours qu’il prononcera ce jeudi devant les parlementaires et les jeunes de Tlemcen.

Bain de foule

Ouvrir un nouvel âge entre la France et l' Algérie : voilà l'objectif affiché de cette visite d'Etat de 36 heures. La veille, François Hollande a été accueilli à la mi-journée par une foule en liesse : youyous, groupes folkloriques et gardes d'honneur traditionnels à cheval, comme en témoigne le reportage de notre envoyée spéciale à Alger.

Après le bain de foule, François Hollande et Abdelaziz Bouteflika se sont isolés pour un tête-à-tête de plusieurs heures. Les sujets abordés : Syrie, Sahel, immigration, essais nucléaires au Sahara et bien sur coopération économique. Les sujets étaient nombreux au menu de leur discussion. Et François Hollande avait promis de n'en oublier aucun. Pas même ceux sensibles de l'histoire coloniale ou des droits de l'homme. « Ce déplacement est fondé sur l'avenir. Je ne viens pas ici faire repentance ou excuses, je viens dire ce qu'est la vérité ce qu'est l'histoire ».

 Et surtout bâtir l'avenir ensemble.


 Parmi les sujets évoqué par François Hollande en Algérie, il y a aussi la question des visas. L'octroi de visas est défini par un accord en vigueur depuis 1968. Pas question de changer cela, mais on peut l'améliorer a expliqué le chef de l'Etat français.

Hier à Alger, François Hollande a aussi rencontré les Français installés en Algérie. Cette  communauté française, forte d'environ 30 000 membres, est l'une des plus importantes au monde. L'accueil a été chaleureux. Reportage à Alger.

 

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La question malienne

Hier, les présidents Bouteflika et Hollande ont assisté à la signature d'une série d'accords, notamment sur la construction d'une usine Renault à Oran. Mais il a été question aussi de diplomatie. François Hollande a insisté sur une convergence de vue de Paris et Alger sur le dossier malien, convergence sur le dialogue avec les groupes qui rompent avec le terrorisme.

 

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