Il était le chouchou, le beau-fils préféré du président Ben Ali et de sa femme Leila Trabelsi. Epoux de leur fille aînée Nesrine, héritier d'une riche famille tunisoise, Sakher El Materi dirigeait un véritable empire économique allant du commerce automobile, à l'immobilier, en passant par les finances, les médias, les télécommunications et l'agriculture.
Une fortune amassée grâce au système mis en place par le clan Ben Ali pour s'assurer la mainmise sur l'économie tunisienne. Après la chute du régime Ben Ali la justice s'intéresse de près à l'empire économique du beau-fils du président déchu. Fraudes, délits d'initiés, détournement de biens publics, escroqueries, l'homme d'affaire, qui a fui au Qatar, devient le symbole du système mafieux de Ben Ali. La justice le condamne par contumace en 2011 et 2012, notamment pour blanchiment d'argent et falsification de documents. Ses avoirs en Tunisie sont confisqués.
Juger le clan Ben Ali
El Materi devient encombrant pour le Qatar qui l'expulse en septembre dernier. Et c'est en tentant d'entrer aux Seychelles avec un passeport diplomatique périmé qu'il est interpellé par la police. La justice tunisienne, qui a lancé un mandat d'arrêt international contre El Materi, veut obtenir son extradition.
Outre Sakher El Materi, Tunis réclame plusieurs personnalités clé de l'ancien régime. A commencer par le couple Ben Ali réfugié en Arabie saoudite, ainsi qu'un beau frère de Ben Ali, Balhassan Trabelsi, réfugié au Canada.
Le parti au pouvoir Ennhada a dit vouloir faire de la récupération de ces personnalités et des avoirs qu'elles détiennent à l'étranger l'un des «objectifs de la révolution». Mais il n'a guère obtenu de succès en la matière. Sakher El Materi possède une bonne partie de sa fortune à l'étranger, notamment un hôtel particulier à Paris et une villa de luxe au Canada.