Pour l'opposition, cette histoire symbolise une tentative de retour à la censure. Pour les islamistes au pouvoir, c'est en revanche le signe d'une tentative de retour de l'ancien régime. Jeudi, la chaîne de télévision privée Ettounia, dirigée par un proche de l'ancien régime actuellement en prison pour corruption, annonce la diffusion pour le lendemain d'une interview exclusive : un gendre de l'ex-président Ben Ali.
Il s'agit de l'homme d'affaires Slim Chiboub, ancien président de l'Espérance de Tunis, club de football très populaire, par ailleurs condamné par contumace à cinq ans de prison en Tunisie. Dans cette interview réalisée en duplex des Emirats arabes unis, Slim Chiboub, en exil à Abou Dhabi depuis la révolution, devait faire part de son désir de rentrer au pays pour y affronter la justice et faire son mea culpa.
Coup de théâtre
Mais très rapidement, après une plainte du contentieux de l'Etat, la justice décide d'interdire cette interview, déclenchant immédiatement une vive polémique. Certains députés et directeurs de médias hostiles aux islamistes crient à la censure. Plusieurs chaînes se proposent même de diffuser l'interview sur leur antenne.
De son côté, le Premier ministre islamiste justifie l'interdiction et dénonce un plan machiavelique, prélude selon ses mots à une normalisation planifiée des symboles de l'ancien régime. Mais finalement, coup de théâtre vendredi : dans une seconde décision, la justice autorise finalement la diffusion de l'interview. Elle devrait être diffusée la semaine prochaine sur la chaine Ettounia.