En Tunisie, les grévistes de la faim suspendent temporairement leur mouvement

Une cinquantaine de détenus salafistes ont décidé de suspendre momentanément leur grève de la faim entamée depuis plusieurs jours pour protester contre leurs conditions de détention. Deux jeunes détenus salafistes sont déjà morts dans les prisons tunisiennes après 57 jours sans manger.

C'est une suspension mais elle est temporaire, destinée à maintenir la pression sur le gouvernement tunisien. Ces 54 détenus lui donnent un délai d'une semaine pour accélérer leur jugement ou alors leur libération. Dans le cas contraire, prévient l'avocat président de leur comité de défense, tous reprendront leur grève de la faim.

Il s’agit d’une grève sauvage, entamée pour certains il y a plusieurs jours, pour d'autres au lendemain de la mort d'un deuxième détenu salafiste. Mohamed Bakhti avait cessé de s'alimenter depuis 57 jours pour protester contre une détention injustifiée à ses yeux. A 27 ans, déjà emprisonné sous la dictature pour ses liens avec le groupe Soliman qui avait affronté par les armes la police de Ben Ali en 2007, il était l'une des figures les plus connues du jihadisme tunisien, après avoir mené la contestation étudiante exigeant l'autorisation du niqab dans les universités. Cette fois, il faisait partie des 144 détenus incarcérés pour leur implication présumée dans l'attaque de l'ambassade américaine le 14 septembre dernier.

Samedi 17 novembre, alors que se déroulaient ses obsèques, les autorités tentaient une fois de plus d’entretenir un dialogue voué à l’échec avec les salafistes tunisiens. Dans le palais présidentiel, en présence du Moncef Marzouki et du chef d'Ennahda, une conférence sur le salafisme était animée par Béchir Ben Hassen, un cheikh salafiste, mais salafiste piétiste, un courant qui tolère le jeu démocratique et qui est donc méprisé et rejeté par la branche jihadiste des salafistes tunisiens.

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