Tunisie : l’imam d’une mosquée salafiste appelle au jihad en direct à la télévision

Un imam d'une banlieue de Tunis, ensanglantée par des violences entre policiers et salafistes, a appelé à faire la « guerre » au gouvernement dirigé par les islamistes, et les mesures de sécurité ont été renforcées aux abords de ce quartier ce vendredi 2 novembre, jour de la grande prière.

La scène a scotché des centaines de milliers de Tunisiens devant leur écran. Sur le plateau d'une des chaînes les plus regardées du pays, le ministre de l'Intérieur, pourtant issu du parti islamiste au pouvoir, est taxé de « mécréant » par un imam qui n'hésite pas à appeler en direct au jihad.

Jusqu'alors inconnu, Nasredine Aloui est le nouvel imam de la mosquée Ennour, dans le quartier déshérité de Douar Icheur, en banlieue de Tunis. C'est là, dans la nuit de samedi et de dimanche, que des salafistes ont affronté les forces de l'ordre très violemment. Dans ces heurts, l'imam précédent et le muezzin de cette mosquée ont été tués par les balles de la police.

Résultat : en direct sur Ettouniah TV, Nasredine Aloui invite les jeunes de « l'éveil islamique » à préparer leurs linceuls, car Ennahda, dit-il, débute sa campagne électorale sur les cadavres des salafistes. L'imam va jusqu'à exhiber à l'antenne son linceul de martyr en affirmant être préparé à mourir depuis la mort des deux fidèles de sa mosquée, avant d'être coupé par la chaîne.

La scène illustre combien le divorce entre Ennahda et les jihadistes est consommé. Après des mois de tolérance, le gouvernement passe à la répression, notamment depuis l'attaque meurtrière de l'ambassade américaine, le 14 septembre dernier.

Désormais, plusieurs centaines de salafistes sont emprisonnés pour des manifestations, des appels à manifester, l'aide au jihad en Syrie ou des écoutes compromettantes. Une véritable déclaration de guerre pour les jihadistes. Pour autant, leur chef incontesté, Abou Iyadh, lui aussi recherché, a livré sur internet un appel au calme à ses partisans.

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