C’est un endroit neutre, niché au cœur de la campagne gambienne. Quatre diplomates, des Etats-Unis, de Grande-Bretagne, de Taïwan et du Nigeria, ont fait le déplacement au cœur de la brousse, pour assister à la libération des huit soldats retenus prisonniers par une branche du MFDC (Mouvement des forces démocratiques de Casamance) depuis un an.
Salif Sadio, le commandant de l’aile Nord de ce mouvement, donne le ton. Vêtu d’un boubou blanc, un chapelet à la main, il salue ses hôtes d’un air décontracté, entouré de ses nombreux combattants. En libérant ses huit prisonniers de guerre, Salif Sadio veut prouver qu’il « tient ses promesses », qu’il est « démocrate », selon ses mots, et qu’il est enfin « disposé à dialoguer avec le gouvernement sénégalais ».
Sur le fond, Salif Sadio maintient la même ligne de conduite : « Les prisonniers de guerre sont à présent libres. Cependant, leur libération ne signifie nullement la fin de la lutte que nous menons, encore moins la renonciation à l’option indépendantiste qui nous anime », martèle-t-il. Et de conclure : « Le combat pour l’indépendance de la Casamance continue ! ».
Les médiations gambiennes et de Sant'Egidio
Selon une source proche du dossier, l’intervention du président gambien Yahya Jammeh a été déterminante dans cette opération. « La Gambie voudrait aider à retrouver la paix en Casamance, parce que la paix dans cette région signifie à la fois la paix au Sénégal et en Gambie », explique le Dr Njogou Bah, le ministre gambien chargé des Affaires présidentielles.
Et de justifier : «Tout ce qui se passe ici affecte le Sénégal et vice versa ». En signe de bonne volonté, Yaya Jammeh a d’ailleurs mis à disposition un vol spécial pour acheminer les huit militaires libres vers Dakar.
Les huit militaires étaient accompagnés des responsables de la communauté chrétienne de Sant’Egidio, qui fait office de médiateur dans le dossier de la Casamance depuis le mois d'octobre.