Avec notre envoyé spécial aux assises de Paris, Frank Alexandre
Deux semaines d’audience et un constat implacable : les quatre accusés sont tous des soldats exceptionnels pris dans un contexte exceptionnel.
C’est un fait, l’adjudant-chef Raugel a bien tué Firmin Mahé. Un acte illégal, a-t-il reconnu, mais justifiable car c'est aussi un fait : Mahé était bien le chef d’une bande de coupeurs de route qui terrorisait la zone de confiance.
Au cours des débats, de nombreux témoins (des militaires mais également des Ivoiriens) sont venus affirmer qu’il était impensable de laisser Mahé poursuivre son œuvre criminelle.
Autre constat encore : la mission confiée aux soldats français était intenable. On leur demandait de pacifier la région sans leur donner les moyens d’intervenir efficacement en toute légalité.
Et puis, il y a le respect des ordres. On a beaucoup dit au cours de ce procès qu’il est difficile pour un soldat de ne pas obéir. Or la décision d’éliminer Mahé a été transmise par le colonel Burgaud, ordre qu’il tenait du patron de la force Licorne en personne, le général Poncet qui, lui, n’est pas poursuivi.
Certes, un soldat ne doit pas obéir à un ordre illégal, pourtant à l’armée on apprend aussi que réfléchir, c’est déjà désobéir. Réfléchir ou obéir, ce fut le dilemme des quatre accusés et toutes les conditions sont réunies pour poser à la cour d’assises un véritable cas de conscience.
Jeudi, le ministère public prononcera son réquisitoire pour un verdict attendu vendredi.