Avec notre envoyé spécial aux assises de Paris, Frank Alexandre
« Un mort ne m’intéressait pas mais un blessé m’intéressait pour l’interroger. » Ainsi parle Henri Poncet, ancien chef de la force Licorne. La cour d’assises attendait ce témoignage, ce face-à-face entre le général et le colonel Burgaud, seul officier accusé.
« Qui a donné l’ordre de faire en sorte que Firmin Mahé n’en sorte pas vivant ? », demande le président de la cour. « Je n’ai jamais tenu ces propos », affirme d’emblée le général. « Le colonel Burgaud dit que c’est vous », reprend le président. « Normal, c’est sa ligne de défense pour limiter sa responsabilité », conclut le général.
Henri Poncet se lance alors dans une longue explication sur les mécanismes psychologiques. « En situation de stress dépassé, dit-il, on s’identifie aux populations. » « On veut à tout prix les sauver et on est envahi par un sentiment de surpuissance, poursuit le général, on franchit la ligne rouge, c’est comme çà que j’explique ce décrochage moral. »
Le colonel Burgaud est ensuite invité à la barre et lance : « Je croyais avoir été commandé par un chef pas par un psychiatre. J’affirme que Poncet m’a donné cet ordre mais il ne l’assume pas. »
Le public applaudit. Henri Poncet, imperturbable, n’adresse pas un regard au colonel Burgaud.