Rwanda : huit ans de prison ferme pour l’opposante Victoire Ingabire

L'opposante rwandaise Victoire Ingabire a été condamnée mardi 30 octobre à Kigali à huit ans de prison ferme pour « conspiration contre les autorités par le terrorisme et la guerre » et négation du génocide de 1994. Le 25 avril dernier, le parquet avait requis la perpétuité contre l’opposante, présidente des Forces démocratiques unifiées, une formation d’opposition non reconnue par Kigali.

C’est face à une salle comble et en l’absence de Victoire Ingabire, qui boycotte son procès depuis le 16 avril dernier, que le verdict a été prononcé ce mardi 30 octobre par la Haute Cour de Kigali.

Mme Ingabire, 44 ans, « est condamnée à huit ans de prison pour tous les crimes dont elle a été déclarée coupable », a déclaré la juge Alice Rulisa. La cour a en revanche déclaré Mme Ingabire, opposante notoire au président rwandais Paul Kagame, non coupable de propagation de l'idéologie de génocide, crime passible de 10 à 25 ans de prison, car « il n'y a aucune preuve qu'elle ait eu l'intention d'appeler à un autre génocide ».

Victoire Ingabire était accusée de soutenir les FDLR, une rébellion hutu rwandaise qui commet des exactions à l’est de la République démocratique du Congo et que Kigali qualifie de « terroriste ». On lui reproche également d’avoir demandé en 2010 que les auteurs des crimes contre les Hutus pendant le génocide de 1994 soient jugés également. Des propos considérés comme négationnistes.

Victoire Ingabire a toujours nié les faits qui lui était reprochés et a plaidé non coupable. Mais ce verdict ne met pas un terme à ce procès complexe et plusieurs fois reporté. Dès la fin de l’audience, Iain Edwards, l’avocat de Victoire Ingabire, a immédiat réagi : « On va faire appel. »

Le vice-président des FDU, Boniface Twagirimana, interrogé à la sortie du tribunal, dénonce une décision politique : « Nous sommes très déçus, car notre leader n’a rien fait. Elle n’a fait que donner son point de vue. Mais parce que le gouvernement rwandais n’admet aucune critique ou aucun autre point de vue, il essaie de stopper nos activités politiques au Rwanda. »

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