Les magistrats de la plus haute juridiction ont refusé de voir une contradiction entre la Constitution qui prévoit la liberté d'opinion et d'expression et la loi sur le négationnisme du génocide. En fait, cette loi pose problème parce qu'elle est mal définie et suffisamment vague pour permettre toutes les interprétations.
Perçue comme un instrument utilisé par le régime de Paul Kagame pour étouffer toute critique et toute opposition, elle a été très critiquée notamment par des ONG internationales de défense des droits de l'homme.
Face à ces reproches, le gouvernement rwandais avait promis, il y a deux ans, de corriger la loi pour la rendre plus précise. Mais depuis, aucune révision n'a été faite. Plusieurs personnalités ont été condamnées à de longues peines de prison pour révisionnisme ou divisionnisme ethnique.
C'est le cas de l'ancien président Pasteur Bizimungu. Ce Hutu qui a combattu aux côtés de la rébellion du FPR, Front patriotique rwandais, avait été nommé chef de l'Etat en 1994. Ses ennuis ont commence en 2001, lorsqu'il a voulu créer son parti avec l'ancien ministre Charles Ntakirutinka. Lui aussi condamné. Après 5 ans d'emprisonnement, Pasteur Bizimungu a bénéficié d'une grâce présidentielle.
Dans les chefs d'inculpation de Victoire Ingabire figure la propagation de l'idéologie du génocide. Le parquet a requis la prison à vie contre l'opposante rwandaise. Mais on ne saura (sans doute) que le 30 octobre, quelle est la décision des juges.