Première journée d'audience dans le procès de l’opposante rwandaise Victoire Ingabire

Le procès de Victoire Ingabire, l’opposante rwandaise, s’est ouvert le 5 septembre 2011 à Kigali, malgré la demande de report formulée par le parquet. Les juges n’ont pas suivi le ministère public qui voulait un délai supplémentaire pour un complément d’information. Mais l'interprète chargé de la traduction pour l'avocat britannique de l'opposante rwandaise n'ayant pas été jugé à la hauteur les débats ont été interrompus, la cour a donné rendez vous à tout le monde mercredi en espérant en avoir trouvé un autre d'ici là.

Victoire Ingabiré a comparu ce lundi en robe rose de détenue, le crâne rasé, et des menottes aux poignets, mais visiblement en forme selon ses proches. Sur le banc des accusés aussi, quatre hommes présentés par le Procureur comme membres des FDLR, la rébellion hutu rwandaise basée dans l'est de la RDC. Ils plaident coupables et se disent prêts à témoigner contre l'opposante, accusée d'avoir voulu former un groupe armé pour mener des actes de terrorisme et de guerre au Rwanda.

Mais pour ce premier jour, personne n'a eu le temps d'entrer dans le vif du sujet. Très vite, il a fallu suspendre l'audience pour un problème de traduction. Rien à voir toutefois avec le report réclamé par le parquet. L’accusation aurait voulu attendre, elle affirme que la justice néerlandaise doit encore lui transmettre des documents à charge saisis au domicile de Victoire Ingabiré aux Pays-Bas.

Les juges ont dit non et l'audience reprend dès mercredi. La défense de Victoire Ingabiré s'en félicite, elle souligne que l'opposante a déjà passé près d'un an en détention préventive. Elle en profite aussi pour s'étonne : le procureur assure depuis des mois qu'il a des preuves solides comment se fait il qu'il attende encore des documents à charge ? Pour le Parti de Victoire Ingabiré, c'est un signe que le dossier est vide et le procès politique. Réplique du parquet : ces documents, nous pourrons très bien nous en passer.

Près d’un an en détention préventive

Victoire Ingabire vivait en exil aux Pays-Bas jusqu’en janvier 2010, date à laquelle elle est rentrée à Kigali. D’abord placée sous contrôle judiciaire, elle a ensuite été arrêtée en octobre 2010. Et depuis, elle est en détention préventive.

Lors de la présidentielle d’août 2010, elle avait tenté en vain de déposer sa candidature face au président sortant Paul Kagame. Elle est la présidente des Forces démocratiques unifiées (FDU) - une formation d’opposition - non reconnue par le gouvernement rwandais.

Victoire Ingabire est accusée d’avoir voulu former un groupe armé pour mener des actes de terrorisme et de guerre au Rwanda. Elle est également poursuivie pour complicité de terrorisme, idéologie du génocide et atteinte à la sûreté de l’Etat. Elle réfute toutes les accusations dont elle fait l’objet.

Le procureur assure disposer de preuves solides contre Victoire Ingabire, entre autres, des transferts d’argent au profit des membres des Forces démocratiques de libération du Rwanda (FDRL), un mouvement de rébellion hutu rwandais qui multiplie les exactions dans l’est de la République démocratique du Congo (RDC).

Les autorités de Kigali considèrent que la formation politique de Victoire Ingabire, est un groupe « terroriste ». A l’inverse, les Forces démocratiques unifiées (FDU) accusent le pouvoir de fabriquer des preuves pour écarter leur présidente de la vie politique rwandaise.

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