Avec notre envoyé spécial à Tunis
Le discours d’Ennahda a sensiblement changé en l’espace d’une semaine vis-à-vis des groupes salafistes violents. Rached Ghannouchi le chef de file du parti, assurait il y a peu qu’ils allaient « s’assagir avec le temps ».
Des cadres d’Ennahda, souvent ceux qui ont connu la prison sous Zine el-abidine Ben Ali, expliquaient aussi que le tout répressif était mal vu au sortir d’une révolution. De leur côté, des chercheurs avançaient qu’un tiers de la base d’Ennahda était proche de la doctrine salafiste, d’où l’hésitation à mettre sous les verrous ceux qui enfreignent la loi.
L’opposition avançait une autre explication : Ansar al-Charia était devenue la branche armée d’Ennahda. Aujourd’hui, Ghannouchi promet de « serrer la vis » devant le danger intégriste. L’attaque de l’ambassade américaine est passée par là. De nombreux salafistes y ont pris part, et Washington a sèchement reproché aux autorités tunisiennes d’avoir failli à leurs obligations.
Enfin, Abou Yadh, le chef de l’association salafiste Ansar al-Charia, qui est recherché par la police, a nargué les autorités en s’affichant en public plusieurs fois. La sincérité de Rached Ghannouchi sera d’ailleurs sans doute jugée à l’aune de l’efficacité de la traque pour interpeler Abou Yadh. Toutes les cartes sont entre les mains du parti de Ghannouchi : les portefeuilles de la Justice et de l’Intérieur sont détenus par Ennahda.