Tunisie: Ghannouchi adopte un discours de fermeté envers le groupe salafiste Ansar al-Charia

La confrontation n’a pas eu lieu vendredi 21 septembre entre les forces de l’ordre et les groupes salafistes en Tunisie. L’ambassade de France avait demandé aux autorités de renforcer la sécurité autour de l’ambassade et des institutions qui lui sont rattachées. Les autorités tunisiennes ont répondu à l’appel. Elles ont également, par la voix de plusieurs ministres et celle du leader du parti islamiste Ennahda, Rached Ghannouchi, fait preuve d'un ton plus distancié qu'auparavant envers le groupe salafiste Ansar al-Charia.

Avec notre envoyé spécial à Tunis

Le discours d’Ennahda a sensiblement changé en l’espace d’une semaine vis-à-vis des groupes salafistes violents. Rached Ghannouchi le chef de file du parti, assurait il y a peu qu’ils allaient « s’assagir avec le temps ».

Des cadres d’Ennahda, souvent ceux qui ont connu la prison sous Zine el-abidine Ben Ali, expliquaient aussi que le tout répressif était mal vu au sortir d’une révolution. De leur côté, des chercheurs avançaient qu’un tiers de la base d’Ennahda était proche de la doctrine salafiste, d’où l’hésitation à mettre sous les verrous ceux qui enfreignent la loi.

L’opposition avançait une autre explication : Ansar al-Charia était devenue la branche armée d’Ennahda. Aujourd’hui, Ghannouchi promet de « serrer la vis » devant le danger intégriste. L’attaque de l’ambassade américaine est passée par là. De nombreux salafistes y ont pris part, et Washington a sèchement reproché aux autorités tunisiennes d’avoir failli à leurs obligations.

Enfin, Abou Yadh, le chef de l’association salafiste Ansar al-Charia, qui est recherché par la police, a nargué les autorités en s’affichant en public plusieurs fois. La sincérité de Rached Ghannouchi sera d’ailleurs sans doute jugée à l’aune de l’efficacité de la traque pour interpeler Abou Yadh. Toutes les cartes sont entre les mains du parti de Ghannouchi : les portefeuilles de la Justice et de l’Intérieur sont détenus par Ennahda.

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