Les attaques de voleurs de zébus sont monnaie courante à Madagascar mais ces derniers jours, l'exaspération des éleveurs de plusieurs communes rurales de l'extrême sud-est de la Grande Ile les a conduits à s'organiser davantage pour protéger leur unique source de richesses, leurs boeufs.
Selon le chef de cette région d'Anouss, près de 110 « dahalos » ont ainsi été tués ces derniers jours par des villageois de ces localités. Des villageois qui auraient perdu l'un des leurs, mais récupéré la quasi-totalité des têtes de bétail volées.
Les villageois sont habilités à se défendre
Face aux attaques de « dahalos », les villageois sont en état de «légitime défense», affirme le lieutenant-colonel Rakotomalala, le responsable du service des opérations de la gendarmerie : «La gendarmerie n’a pas pu intervenir dans ces attaques parce que ces villages sont très éloignés du poste de gendarmerie. La population est donc obligée d’affronter les dahalos avec ses propres moyens de défense. » De fait, les forces de gendarmerie sont peu présentes dans la zone concernée. Il faut deux ou trois jours de marche pour atteindre certaines localités, faute de vraie route carrossable.
Les moyens de défense dont diposent les villageois ? Des sagaies, des pierres, des machettes, quelques fusils, parfois.
Les communautés locales, appelées aussi « fokonolona » affrontent des hordes de bandits souvent bien armés et de tous âges. Ainsi «une jeune fille de 14 ans (a été) arrêtée par les fokonolona parce qu’elle était parmi les dahalos… » précise le responsable de la gendarmerie interrogé par RFI.
Dans un communiqué publié lundi soir, les forces de l’ordre ont affirmé qu’elles n’étaient qu’un maillon de la chaîne dans la lutte pour la sécurité, un autre maillon étant l’ « autodéfense villageoise ». La justice traditionnelle est reconnue par l’Etat dans le cadre des « Dinas », ces conventions collectives souvent mises en place dans les campagnes pour lutter principalement contre le vol de bœufs qui est un véritable fléau national.