Avec notre envoyé spécial à Benghazi, Nicolas Champeaux
La reconnaissance du CNT par Paris, Washington, Doha et Istanbul, c’est lui, les armes livrées aux révolutionnaires aussi, souligne un analyste à Benghazi. Voilà sans doute pourquoi Mahmoud Jibril, ce Warfalla, la plus importante tribu de Libye, est apprécié tant de l’élite que des vendeurs de crêpes dans les souks. Pourtant ses détracteurs au CNT lui reprochent d’avoir négligé les problèmes quotidiens des Libyens quand il dirigeait l’exécutif durant la révolution. Ils disent aussi qu’il a oublié sa promesse de ne pas s’engager dans des élections.
Mahmoud Jibril, crâne dégarni et valises sous les yeux, assure que Seif al-Islam l’a contraint d’abandonner son cabinet de consultant en Egypte pour prendre la direction de la Commission nationale du développement économique en 2009. A l’époque, un ambassadeur américain, dans un télégramme publié par Wikileaks, décrit Mahmoud Jibril, qui a étudié et enseigne à l’université de Pittsburgh en Pennsylvanie, comme un réformiste à prendre au sérieux. Mahmoud Jibril a un jour déclaré que l’islam ne devait pas être instrumentalisé par les politiques, mais il a fait un virage opportun durant la campagne : dans son programme, la charia doit être l’une des sources du droit.