Avec notre correspondante à Tripoli et notre envoyé spécial à Benghazi,
A l'issue de cette première journée de vote, 60% des 1,7 millions d'électeurs se sont déplacés aux urnes, dans un climat globalement serein. L'organisation et la sécurisation du vote étaient assurées dans de bonnes conditions.
Les Libyens, qui n'avaient pas organisé de scrutin national depuis 1964, sous le règne du roi Idris, ont relevé le défi sur le plan logistique. Tout était prêt : registres électoraux imprimés, cartes d'électeurs plastifiées, scrutateurs méticuleux, qui ont accompli leur tâche avec professionnalisme et gravité.
Vive émotion
Nuri Abbar, président de la commission électorale, dresse un bilan satisfaisant de la journée, compte tenu des craintes qui l'entouraient. A Tripoli, où les électeurs devaient désigner la moitié des membres de la nouvelle assemblée, l'ambiance rappelait la libération de la capitale par les troupes révolutionnaires, en août dernier.
Klaxons dans les rues, youyous dans les bureaux de vote, et vive émotion au moment de glisser le bulletin dans l'urne. Avant de plonger le doigt dans l'encre bleue indélébile.
En revanche, les forces de sécurité de Cyrénaïque, à l'Est, ont laissé des groupes autonomistes armés s'inviter dans une dizaine de centres de vote pour contester la légitimité du scrutin. Dans une école de Benghazi, ces groupes ont brisé les vitres à coups de crosses, avant de déchirer des registres et de confisquer les urnes.
Un homme est mort lors d'un incident similaire dans la ville d'Ajdabiya. Au cours de la journée, le président de la commission électorale du grand Benghazi a dû appeler les civils à protéger eux-même leur bureau de vote. Un aveu d'impuissance.
« Assez marginal »
En tout, quatre bureaux de vote ont été saccagés à Benghazi. A Ajdabiya, ou encore à Kufra (Sud-Est), les équipes encadrantes n'ont pas obtenu à temps le matériel de vote. En tout, 24 bureaux n'ont pas pu ouvrir du tout pour des raisons logistique ou sécuritaires dans le pays.
Rapportés au 174 centres de vote de la région, ces incidents sont néanmoins « assez marginaux », a déclaré un responsable électoral.
Si l'on juge ce jour de vote à l'aune de la participation, et surtout du bilan humain (compte tenu du nombre d'armes en circulation dans un pays encore en guerre il y a 8 mois), les Libyens ont réussi leur pari. D'où le satisfécit du chef des observateurs de l'Union européenne. Tout le monde attend désormais les résultats, attendu lundi 9 ou mardi 10 juillet.