Avec notre envoyée spéciale à Alger, Marie- Pierre Olphand
Le président de la République Abdelaziz Bouteflika s'est rendu ce jeudi matin au monument des martyrs sur les hauteurs d'Alger pour se recueillir à la mémoire des combattants contre la France. Il a déposé une gerbe de fleurs devant cet imposant monument qui domine la baie d'Alger et a ensuite présidé une cérémonie militaire.
Si l’hommage aux martyrs est unanime, beaucoup critiquent le coût des spectacles et feux d’artifices organisés alors que la majorité des gens peinent à joindre les deux bouts.
Et ce jeudi matin, place du 1er-Mai, des diplômés au chômage originaires des régions du sud du pays ont joué au chat et à la souris avec les policiers. L’un d’eux a même menacé de se taillader les bras avec une lame si on l’arrête. Ces jeunes sont venus crier leur ras le bol et demander tout simplement leur droit d’avoir un travail.
« On dit qu’il y a 50 ans d’indépendance, mais nous on souffre depuis 50 ans. On étouffe, on ne peut pas vivre. On veut dire au président Bouteflika qu’on n'a pas besoin de ce carnaval-là. On veut du travail et une maison », s’insurge un des participants.
Les manifestants ont le soutien d’un groupe de femmes, réunies non loin de là. Certaines ont plus de 70 ans, elles appartiennent à l’association SOS disparus et réclament à tue-tête des nouvelles de leurs proches qui ont été arrêtés pendant la décennie noire dans les années 90 à l’époque du terrorisme.
« On est venues ici pour fêter malheureusement le 50e anniversaire de notre révolution mais l’indépendance est absente. On en a marre de ce pouvoir », s’emporte une femme. « On demande la liberté de nos enfants, lance une autre. Ceux qui sont vivants, qu’ils les relâchent et que ceux qui sont morts, qu’ils nous disent où ils sont enterrés. On ne demande pas l’impossible, on ne demande que la vérité ».
Ces jeunes et ces femmes ne sont que quelques dizaines, mais témoignent d’une colère étouffée chez beaucoup d’Algériens, par peur de la répression.