Avec notre envoyé spécial, Nicolas Champeaux
Avant, il n’y avait que le portrait de Mouammar Kadhafi. Aujourd’hui, c'est une profusion de visages qui égaient les murs de Sebha. On compte 185 candidats individuels qui se disputent les sept sièges de la circonscription Sebha Shate. Il y a 34 partis et autant de logos de formes et de couleurs différentes en lice pour les neuf sièges réservés aux listes.
Dans le quartier Teyuri, un jeune travailleur touareg semble désorienté. « Personne ne m’a expliqué. Moi, j’essaie de comprendre si on élit un roi, un chef de canton, ou quelqu’un d’autre. Je ne sais pas, on ne comprend rien. Ces élections, c’est quelque chose de nouveau pour nous. »
La différence entre les programmes des candidats est également difficile à établir. Ils s‘engagent tous pour la reconstruction d’une Libye où règnera la justice et l’égalité. A Sebha, où le facteur tribal est plus prégnant que dans les grandes métropoles côtières de la Libye, cela contribue à accentuer le réflexe du vote tribal.
Mehdi, un épicier warfala, a collé le poster du candidat de sa tribu sur sa vitrine : « Les gens votent pour leur tribu, car c’est notre première élection. Au fil des scrutins, nous allons peut-être prendre en compte d’autres critères ». Ce sentiment est partagé par de nombreux électeurs dans les quartiers Ould Souleymane, toubous, Mégahra, fezzans et touaregs de la ville.