Signe de la grande fébrilité qui règne en Tunisie, le gouvernement préfère baisser le rideau sur les manifestations de vendredi 15 juin 2012 : il n'autorisera aucune marche, aucun rassemblement. De plus, la police a ordre de faire appliquer la loi dans toute sa rigueur en cas de violence.
Cette interdiction frappe les actions prévues par certains groupes salafistes qui ont appelé les Tunisiens à manifester après la prière de vendredi ; le ministère de l'Intérieur expliquant que des appels à la violence circulent sur les réseaux sociaux.
Manifestement, l'activisme de groupes comme Ansar al-Charia, ou celui d'Abou Ayoub font craindre une nouvelle éruption de violences après quatre nuits plus qu'agitées à Tunis et Jendouba.
L'exposition artistique de La Marsa, au nord de Tunis, a servi de catalyseur au ressentiment des salafistes qui estiment la religion bafouée par les oeuvres d'art exposées à Tunis dans le cadre du « Printemps des Arts ». La réaction des salafistes a poussé les islamistes du mouvement Ennhada à radicaliser leurs discours contre la liberté artistique. Ennhada souhaite une loi pour criminaliser l'atteinte au sacré.
Le mouvement souhaitait lui aussi organiser une manifestation ce vendredi et paradoxalement c'est un ministre issu d'Ennhada qui a interdit cette manifestation. Cela montre la contradiction entre le discours parfois complaisant d'Ennhada envers les salafistes et la nécessité d'une action gouvernementale cohérente et prenant en compte la sécurité nationale.