Présidentielle en Guinée-Bissau : Carlos Gomes Junior se dit prêt pour le deuxième tour

L’opposant bissau-guinéen Kumba Yala, qualifié pour le deuxième tour de l’élection présidentielle, a affirmé, le 22 mars, qu’il rejetait le scrutin dans la mesure où il ne reconnaissait pas les résultats du premier tour. Il a parlé au nom des cinq candidats qui ont demandé l’annulation du scrutin entaché, selon eux, de fraudes. Selon le porte-parole du PAIGC, le parti au pouvoir, l’ex-Premier ministre Carlos Gomes Junior, arrivé en tête, se dit prêt pour le deuxième tour, quel que soit le candidat qui se présentera face à lui.

L’ex-président Kumba Yala, qui est arrivé en deuxième position au premier tour de la présidentielle du 18 mars, avec 23,36% des voix, a affirmé qu’il ne se présentera pas au deuxième tour. Il ne reconnaît pas les résultats ni, a fortiori, le score de son adversaire, l’ex-Premier ministre Carlos Gomes Junior, leader du PAIGC, arrivé en tête avec 48,97% des voix.
Kumba Yala a tenu à préciser qu’ « il n’y aura pas un deuxième tour ni un troisième tour ». Il a fait cette déclaration en parlant au nom des cinq candidats qui, comme lui, ont demandé l’annulation du scrutin après avoir dénoncé des fraudes.

RFI a recueilli ses déclarations lors d’une conférence de presse conjointe avec les quatre autres candidats à cette présidentielle. 
  

                   

Selon les résultats officiels du premier tour publiés par la Commission nationale des élections (CNE), derrière ces deux candidats se trouvent, parmi les mieux placés, Manuel Serifo Nhamadjo, député à l’Assemblée nationale, indépendant et dissident du PAIGG, avec 15,75%, et Henrique Rosa, indépendant, qui a recueilli 5,4% des suffrages. Le taux de participation a été de 55%.

Crainte de violences

Cette prise de position des cinq candidats risque-t-elle de mettre en cause la paix et la stabilité du pays ? Interrogé sur cette hypothèse, Kumba Yala a répondu : « Ce qui pourra mettre en cause la stabilité, c’est Monsieur Carlos Gomes Junior ».

Sur cette même hypothèse, Manuel Serifo Nhamadjo a mis directement en cause la Commission nationale des élections qui s’est « empressée », selon lui, de publier les résultats malgré la proposition des cinq candidats qui lui avaient demandé de ne pas les publier. Ils craignaient que « la précipitation puisse causer des problèmes ».
Ces candidats ont dénoncé des fraudes et mis en avant des listes électorales occultes ainsi que des fausses cartes d’électeurs qui ont permis à plusieurs personnes de voter avec la même carte.

Lors de cette même conférence de presse, Kumba Yala a prétendu avoir « des montagnes de preuves » de fraudes dont les détails seraient apportés au tribunal à partir de ce vendredi 23 mars 2012 – le même jour où, de son côté, la CNE a commencé à analyser les recours. Elle dispose, pour cela, de 48 heures.

Carlos Gomes Junior a rejeté toutes ces allégations en considérant ses adversaires comme de « mauvais perdants ». De son côté, Oscar Barbosa, porte-parole du PAIGC, parti au pouvoir, a affirmé que son parti « n’a pas peur des menaces voilées », qu’il regarde « avec stupéfaction la demande d’annulation » et qu’il défie ces cinq candidats de « présenter les preuves des illégalités ».

L’Angola, par la voix de son ministre des Affaires étrangères Georges Chicoti, de passage à Paris, a déclaré hier, jeudi 22 mars, qu’il ne faut pas « dramatiser la situation » en Guinée-Bissau tout en soulignant que les Bissau-Guinéens « doivent s’entendre » et que les assassinats politiques « ne peuvent pas être une norme ».

Le deuxième tour de l’élection présidentielle est prévu pour le 22 avril.  

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