Samba Djalo, ancien chef des renseignements militaires de Guinée-Bissau, a été tué par des hommes en tenue militaire, selon des sources des forces de sécurité. Il se trouvait à la terrasse d'un bar situé en face de chez lui lorsque, vers 23 heures, des hommes en treillis lui ont tiré dessus. Cinq balles ont touché l'officier dont la dépouille a été ensuite transportée à son domicile. Les assassins, eux, ont pris la fuite.
La piste d’un règlement de compte
Pour l'heure, officiellement, aucune information n'est disponible sur l'identité des tueurs mais en Guinée Bissau où les rivalités, au sein de l'appareil politique et sécuritaire, se traduisent régulièrement par des assassinats, la piste d'un règlement de compte est sérieusement envisagée.
Le colonel Samba Djalo était le chef des renseignements militaires au moment où Zamora Induta était, lui, chef des Forces armées guinéennes. Les deux hommes étaient considérés comme très proches. Ils ont été détenus le 1er avril 2010, après l’assassinat, en 2009, du chef d’état-major général des forces armées, le général Tagmé Na Waie. Quelques heures plus tard, c’était le président Joao Bernardo Vieira qui était à son tour tué, chez lui, par des militaires qui l’accusaient d’avoir commandité l’assassinat du général Na Waie.
La justice les a entendus sur ce dossier en octobre 2011.
Le nom du colonel Samba Djalo a été également cité dans deux autres assassinats politiques perpétrés en juin 2009 : celui de l'ancien candidat à la présidence, Baciro Dabo et celui de l'ex-ministre de la Défense, Helder Proença.
La mort de cet officier, préfigure-t-elle un nouveau cycle de violences dans le pays ? Joint par RFI, Fafali Koudawo, politologue et recteur de l’université Colinas de Boé, à Bissau, ne l’exclut pas.
Pas d’incidence sur la présidentielle
Cet assassinat n’aura pas d’incidence sur le processus de l’élection présidentielle dont les premières tendances officielles seront connues le 24 ou le 25 mars, selon la Commission nationale des élections (CNE).
Lors d’une conférence de presse, le président de la CNE, Desejado Lima da Costa, a déclaré que « les évènements d’hier (dimanche) n’ont rien à voir avec le processus électoral » et que « le tumulte vécu est déjà passé. »
De son côté, le major Dabana Walna, porte-parole des Forces Armées de la Guinée-Bissau, a quant à lui considéré qu’il s’agit « d’un incident grave qu’il faut regretter mais cela n’a rien à voir avec la sécurité du processus électoral » précisant que « le processus électoral ne sera pas affecté ».
Les raisons de ce nouveau meurtre sont encore inconnues. Cependant, pour Fafali Koudawo, il est difficile de ne pas faire un lien entre cet assassinat et le processus électoral.