Dans ce quartier de Yopougon à Abidjan, Souleymane Saka Makasi désigne un tas de terre. Selon des voisins, c’est là que son frère a été enterré après avoir été brûlé : «Ils sont venus le brûler et quand il a été brûlé, ils sont partis ». La juge Matto Loma Cissé, la présidente de la Commission nationale d’enquête vient suivre les opérations sur le terrain. Souleymane a alerté la Commission parce qu'il veut être sûr de ce qui est arrivé à son frère : « On entend partout aujourd’hui dire que ce sont des histoires... Voilà pourquoi nous avons souhaité que la Commission nationale d’enquête soit là pour vérifier s'ils ont enterré mon frère, si c'est la vérité ».
Cette Commission d’enquête n’est pas judiciaire. Elle a été créée en juillet 2011 par le président ivoirien Alassane Ouattara qui pourra, s’il le décide, transmettre les cas à la cellule spéciale indépendante chargée d’élucider les crimes commis pendant la crise.
De nombreuses voix mettent en doute l’impartialité de ce processus qui pourrait omettre les affaires concernant les forces loyales au président ivoirien.
La magistrate Matto Loma Cissé répond aux critiques : « Aujourd’hui, ceux qui ont été entendus, on ne peut pas dire qu’il n’y a pas de pro-Gbagbo parmi eux. Toutes les personnes qui ont été victimes doivent venir déposer pour dire la vérité sur ce qu’ils ont subi ».
Le mandat de la Commission d’enquête se termine dans quelques jours. Il reste pourtant de nombreuses victimes ivoiriennes à entendre. Le président Ouattara est libre de le prolonger pour six mois.
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À consulter :
Côte d'Ivoire: Les méthodes expéditives de la Commission nationale d'enquête suscitent des inguiétudes. 23/2/2012. Human Rights Watch.