Pour argumenter ses accusations, Human Rights Watch cite un responsable des Nations unies, qui sous couvert d'anonymat, dit que les enquêtes de la commission, « c'est du cinéma ». L'ONG new-yorkaise affirme que la Commission, mise sur pied par le président Alassane Ouattara en Juillet 2011, se contente de recenser les violations des droits de l’homme perpétrées, au lieu de mener des entretiens approfondis avec les victimes.
Report au mois de mai
Le FPI (le parti de l’ancien chef d’Etat Laurent Gbagbo) a refusé des sièges au sein de la Commission. Human Rights Watch estime donc que la Commission doit se donner du temps pour gagner la confiance des victimes parmi les partisans du chef d’Etat déchu. Les auteurs du rapport donnent ainsi du crédit à ceux qui redoutent une justice à sens unique en Côte d'Ivoire, alors que la communauté internationale estime que des crimes de guerre ont été commis par les deux camps.
Contactée par RFI, la présidente de la Commission Matto Loma Cissé a cependant déclaré que Human Rights Watch « se fourvoyait sur toute la ligne ». Elle affirme qu'elle remettra ses conclusions au président Alassane Ouattara en mai au plus tôt et non à la fin du mois comme l'indique l'ONG new-yorkaise. Matto Loma Cissé déclare également avoir recueilli 15 000 témoignages de qualité à travers le pays. En revanche, elle reconnait à demi-mot avoir accumulé plus de comptes-rendus accablants pour le camp de Laurent Gbagbo.
Le président Alassane Ouattara a établi la commission par décret le 20 juillet 2011, afin qu’elle mène des enquêtes non judiciaires sur les violations du droit humanitaire international et des droits humains commises entre le 31 octobre 2010 et le 15 mai 2011 en Côte d'Ivoire.
« ONUCI-Tour »
De son côté, l'Opération des Nations unies en Côte d'Ivoire (ONUCI) mène une campagne de sensibilisation et de réconciliation auprès de la population. Au cours de ces quatre derniers jours, elle a organisé des ateliers à Sikensi, à une centaine de kilomètres au nord-ouest de la capitale. La ville se remet mal des affrontements entre Forces républicaines de Côte d'Ivoire (FRCI) et autochtones, puis entre communautés Sikensi et Abidji de décembre dernier.
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À consulter :
Côte d'Ivoire: Les méthodes expéditives de la Commission nationale d'enquête suscitent des inguiétudes. 23/2/2012. Human Rights Watch.